Une mise en garde contre le danger de créer sa propre spiritualité en dehors des directives divines…
Durand toute l’année 2023 j’ai prié régulièrement la même prière en m’inspirant du Ps 51.8 où le roi David dit à Dieu : « Mais tu veux que la vérité soit au fond du cœur : Fais donc pénétrer la sagesse au dedans de moi ! » J’ai ainsi demandé chaque jour au Seigneur de faire descendre sa vérité au plus profond de mon cœur, afin que la lumière de sa sagesse me fasse voir les mauvaises orientation de mon âme. J’ai prié cette prière avec ténacité, car j’en ressentais l’urgence. Mon cœur soupirait – et continue de soupirer – vers plus d’authenticité dans ma vie spirituelle et ma marche avec Dieu. Et petit à petit, le Seigneur a répondu favorablement à ma supplication…
Je n’ai rien dit à personne, mais les choses ont commencé à se clarifier à l’intérieur de mon cœur. J’avais l’impression que les pièces d’un puzzle s’emboitaient au fur et à mesure que les semaines et les mois passaient. Plusieurs points d’interrogation disparaissaient de mon esprit, car j’atteignais une compréhension sur différents sujets qui, jusqu’alors, m’avaient laissé perplexes. J’apprécie ces moments où la lumière de la vérité dissipe la nébulosité des croyances et des théories personnelles. Je les apprécie même s’ils sont douloureux pour l’ego, car ce n’est jamais plaisant de réaliser que l’on fait fausse route, qu’on interprète mal les évènements et parfois même les textes bibliques. Or, si nous interprétons mal les évènements et les Saintes-Ecritures, nous pouvons basculer dans la désobéissance…
La sincérité ne transforme pas la mal en bien
Dois-je vous rappeler que désobéir à Dieu signifie pécher contre Dieu ? Hélas ! Beaucoup de croyants ne sont même pas conscients qu’ils vivent une vie de désobéissance devant Dieu, parce qu’ils croient que leur façon de faire lui convient, du moment qu’ils agissent avec sincérité et qu’ils croient en lui. Je vous le dis sans détour : croire en Dieu et être sincère ne justifient pas tout ce que l’on fait au nom de la foi et de la sincérité. Je peux être animé d’une foi pervertie : c’est-à-dire que je crois, mais je crois mal. Or, que je crois dans les mauvaises choses ou de la mauvaise façon, le résultat reste le même : ma foi est pervertie. Je peux être sincèrement dans l’erreur. En d’autres mots : j’accomplis mon action avec sincérité, mais mon action est mauvaise.
Être sincèrement en colère, c’est quand même être en colère. La sincérité ne transforme pas la mal que je fais en bien. Si je suis sincèrement dans l’erreur, je suis quand même dans l’erreur. Cela signifie que je me trompe, et que j’ai besoin de réajuster mon attitude. Eh bien, c’est de ce réajustement dont j’aimerai dire quelques mots. Tout d’abord, considérons comment Moïse s’adresse au peuple d’Israël dans De 12.11-14 :
11 Alors il y aura un lieu que l'Éternel, votre Dieu, choisira pour y faire résider son nom. C'est là que vous présenterez tout ce que je vous ordonne, vos holocaustes, vos sacrifices, vos dîmes, vos prémices, et les offrandes choisies que vous ferez à l'Éternel pour accomplir vos vœux.
12 C'est là que vous vous réjouirez devant l'Éternel, votre Dieu, vous, vos fils et vos filles, vos serviteurs et vos servantes, et le Lévite qui sera dans vos portes ; car il n'a ni part ni héritage avec vous.
13 Garde-toi d'offrir tes holocaustes dans tous les lieux que tu verras.
14 mais tu offriras tes holocaustes au lieu que l'Éternel choisira dans l'une de tes tribus, et c'est là que tu feras tout ce que je t'ordonne.
Pour que vous compreniez l’importance de ce texte, permettez-moi de vous rappeler qu’il s’inscrit dans l’organisation d’Israël en tant que peuple élu de Dieu. Quand nous lisons le livre de la Genèse, nous voyons des individus s’adresser à Dieu indépendamment du lieu où ils se trouvent. Pensez à Enoch, à Noé, à Abraham, à Isaac ou à Jacob, et vous vous rendrez compte que leurs actes de dévotion envers Dieu s’accomplissaient librement n’importe où. Mais lorsque Dieu structure Israël comme une nation sous son autorité divine, les choses changent radicalement. Le Seigneur donne à son peuple des instructions précises quant à la façon de l’adorer et de le servir.
Servir Dieu ne s’improvise pas
Comme vous le voyez dans le passage que nous venons de lire, tout était organisé et réglé avec précision. L’idée majeure de ce texte, c’est que les sacrifices ne devaient pas être accomplis et offerts à Dieu n’importe où, mais ils devaient l’être dans le lieu spécifique que Dieu avait choisi pour y faire résider son nom – c’est-à-dire sa présence – et ce lieu c’était le Tabernacle, et plus tard le Temple de Jérusalem. Cela signifie que les hébreux n’avaient pas la liberté de faire ce qu’ils voulaient, comme ils le voulaient. Dieu avait tout codifié, et exigeait de son peuple une obéissance absolue. Le lieu, le contenu et la manière d’adorer n’étaient pas laissé au libre choix de chacun, mais faisaient l’objet d’une décision spécifique de la part de Dieu. C’est ce que les théologiens protestants ont nommé « le principe régulateur », une notion sur laquelle je reviendrai plus tard.
Or, c’est justement là où se situe le problème d’une large majorité de chrétiens aujourd’hui : ils croient que Dieu leur a donné « un chèque en blanc spirituel » qu’ils peuvent remplir à leur guise, et qu’il va l’honorer par toutes sortes de bénédictions ! Ce que je veux dire, c’est que beaucoup de chrétiens pensent qu’ils ont la liberté de pratiquer leur foi comme bon leur semble : ils choisissent quoi croire, quoi prêcher, quoi prier et quoi chanter. Ils décident par eux-mêmes si oui ou non ils iront à l’église, quand ils iront, et ce qu’ils y feront. Ils oublient totalement ce qu’ordonne Ep 5.10 : Examinez ce qui est agréable au Seigneur. Ils pensent principalement à ce qui leur convient. Ils organisent eux-mêmes leur « christianisme », comme un plat qu’ils cuisinent de façon intuitive, sans suivre aucune recette. C’est ce qui explique la multiplicité d’églises très différentes les unes des autres, certaines avec des croyances et des pratiques douteuses qui feraient frémir l’apôtre Paul s’il revenait au vingt-et-unième siècle.
Les Chrétiens « Robinson Crusoé »
A cette variété d’églises, s’ajoutent les « Chrétiens Robinson Crusoé » qui vivent leur foi seuls dans leur coin, et desquels j’ai fait partie jusqu’à récemment. Je dis « récemment », parce que je suis en train de réajuster cet aspect de ma vie chrétienne, car ce n’est pas la volonté de Dieu qu’un disciple de Christ vive sa foi de façon isolée. Parmi les « Chrétiens Robinson Crusoé » il y a ceux qui se disent « croyants mais pas vraiment pratiquants ». Je crains que ces individus s’illusionnent en pensant avoir une quelconque relation avec Dieu. Ensuite, il y a ceux qui papillonnent d’églises en églises sans se fixer nulle part, afin de ne pas perdre leur liberté. Puis, il y a ceux qui vont dans une congrégation quand ça leur chante, c’est-à-dire très rarement. Et enfin, il y a ceux qui prônent l’unité en participant à des évènements impliquant des croyants d’horizon divers. Ce qui apparaît être une préférence personnelle, s’avère en réalité être une désobéissance à la prescription du Seigneur pour chaque croyant d’être membre d’une église locale. J’en dirai plus sur ce sujet dans une autre étude.
Après avoir démissionné de ma fonction pastorale en 2020, j’avais décidé de ne plus faire partie d’aucune église locale. Je me suis concentré sur le site de formation en ligne et la chaîne YouTube « LibrAccess Academy ». J’ai également participé à divers évènements d’enseignements réunissant des chrétiens de plusieurs confessions. Toutefois, l’église locale en tant qu’institution ne faisait plus partie de mes priorités. Mais dès la fin de 2022 je ressentais au fond de mon âme que quelque chose n’allait pas. Pourtant, cela m’arrangeait bien de ne plus être engagé dans une congrégation : j’étais libre de faire ce que je voulais, quand je le voulais, avec qui je le voulais et là où je le voulais. Je n’avais plus d’obligation. J’étais maître de mon dimanche. Je me sentais « libre » dans la foi…
Mais alors que je priais sans relâche pour que Dieu fasse descendre la vérité au fond de mon cœur, sa réponse à ma prière a progressivement amener à la lumière des vérités que j’avais négligé, voir même renié, alors que celles-ci font partie intégrante de la volonté de Dieu pour tout croyant racheté par le sang de Jésus. J’ai commencé à voir, par la grâce bienfaisante du Seigneur, l’énormité de mon erreur concernant mon rejet de l’église locale. J’avais donné à la voix de mes déceptions, plus d’autorité qu’à la voix de Dieu dans les Saintes-Ecritures, une voix divine confirmée par les Pères de l’Eglise, par les Réformateurs et par les Puritains.
Je parlerai plus tard de ces personnages clés de l’Histoire de l’Eglise, j’expliquerai qui ils sont et pourquoi ils sont si importants pour notre compréhension et notre mise en application de l’Evangile de Jésus. Je me contenterai, pour le moment, de dire combien j’avais tort d’être un « « Chrétien Robinson Crusoé », c’est-à-dire un croyant qui utilisait « un chèque en blanc » pour fabriquer sa « spiritualité personnelle » dans son coin, sans même s’inquiéter de ce que pense le Seigneur Jésus. Les « Chrétiens Robinson Crusoé » se sont multipliés ces dernières décennies, et c’est aussi pour eux que je partage ces choses aujourd’hui, afin qu’ils rectifient leur trajectoire, avec l’aide et la miséricorde de Dieu. Si, comme moi, vous avez mis l’église locale de côté, pour quelque raison que ce soit, nous avons tort devant Dieu ! L’Evangile de Christ n’offre pas « une spiritualité à la carte » où chacun choisit ce qui lui convient. C’est une des plus dangereuses séductions de Satan.
Le danger des « chèques en blancs spirituels »
Laissez-moi vous rappeler le v.13 de De 12 : Garde-toi d'offrir tes holocaustes dans tous les lieux que tu verras. Il s’agit d’une sérieuse mise en garde à tous ceux qui croient que la vie avec Jésus dans la Nouvelle Alliance est un « chèque en blanc spirituel ». Sous prétexte que nous sommes au bénéfice de la grâce, aurions-nous le droit de vivre notre foi comme nous le souhaitons ? Non mes amis, c’est faux ! Si vous le pensez, comme je l’ai moi-même pensé depuis 2020, vous êtes victimes – comme je l’ai été – d’un plan diabolique du royaume des ténèbres pour vous isoler et vous détruire à petit feu. Pire même : vous avez décidé d’être votre propre maître, et vous avez nié la souveraineté de Jésus. Je ne saurai insisté sur la gravité d’une telle attitude.
Nous lisons dans Juges 21.25 : « En ce temps-là, il n'y avait point de roi en Israël. Chacun faisait ce qui lui semblait bon ». Le peuple d’Israël était à présent établi dans le pays promis. Tous les dirigeants de la génération de Josué étaient morts. C’était l’époque des Juges, ces individus que Dieu suscitait pour conduire les guerres que le peuple élu devait livrer contre des ennemis sans pitié. Ce fut une période très noire pour la nation d’Israël. Notre verset résume la terrible situation dans laquelle elle se trouvait par ce triste constat : Chacun faisait ce qui lui semblait bon. Le mot « Chacun » montre combien l’individualisme dominait à cette époque. La dimension collective avait disparu : Chacun ne pensait qu’à soi-même et à ce qui lui était profitable. Le résultat c’est que Chacun faisait ce qui lui semblait bon. C’est une accablante mais juste description de nombreuses églises contemporaines et des « Chrétiens Robinson Crusoé ». Trop d’églises et trop de croyants utilisent « un chèque en blanc spirituel » que Dieu ne leur a pas donné, et font ce qui leur semble bon…
Mais avançons dans le temps. Quittons la période des Juges, et venons-en à celle de la monarchie en Israël. Nous lisons dans 2 Rois 17.9 : « Les enfants d'Israël firent en secret contre l'Éternel, leur Dieu, des choses qui ne sont pas bien. Ils se bâtirent des hauts lieux dans toutes leurs villes, depuis les tours des gardes jusqu'aux villes fortes ». Voyez-vous où la désobéissance, même inconsciente, peut conduire ? Lorsque quelqu’un décide de faire ce qui lui semble bon, cela peut aboutir aux cultes sur les hauts lieux. Que désigne cette expression ? Les hauts lieux étaient les autels que les hébreux bâtissaient dans des endroits élevés, comme des collines par exemple, loin du Temple de Jérusalem, et sur lesquels ils offraient des sacrifices impurs à des dieux étrangers, jusqu’à même sacrifier leurs propres enfants à Moloch, une des pires divinité cananéennes. Ils faisaient ces choses parallèlement à leur pratique du judaïsme dans le Temple de Jérusalem.
Mais en quoi cela nous concerne-t-il aujourd’hui ? Qu’est-ce que ce verset a à voir avec le Christianisme du vingt-et-unième siècle ? Au risque de vous surprendre, la sphère chrétienne est vraiment concernée par la menace contenue dans ce passage de la Bible, et voici pourquoi : si nous décidons par nous-mêmes comment croire et vivre notre foi, si nous pensons avoir « un chèque en blanc spirituel » en matière de vie chrétienne, au point de faire ce qui nous semble bon, c’est-à-dire ce qui nous convient, nous courrons le risque d’offrir à Dieu une dévotion qu’il ne reçoit pas, mais que les entités du royaumes des ténèbres apprécient au plus haut point, car cela leur donne de l’ascendance sur nous, quand bien même nous nous réclamons du nom de Jésus.
Pour être plus clair : agir uniquement selon ce qui nous semble bon, fait de nous des candidats pour les séductions de Satan, lesquelles peuvent nous entraîner, sans que nous le sachions ou en soyons conscients, loin de Dieu et de son royaume. Ce n’est pas pour rien si Paul déclare dans 2 Co 13.5 : « Examinez-vous vous-mêmes, pour savoir si vous êtes dans la foi ; éprouvez-vous vous-mêmes. Ne reconnaissez-vous pas que Jésus Christ est en vous ? à moins peut-être que vous ne soyez réprouvés ». Trop d’églises et trop de chrétiens continuent « leur bonhomme de chemin » sans même réaliser que Dieu n’est pas de leur côté. Et pourquoi Dieu n’est-il pas de leur côté ? Parce qu’ils utilisent « un chèque en blanc spirituel », en pensant que Dieu leur a donné la liberté de croire et de pratiquer ce qu’ils veulent, comme ils veulent et quand ils veulent. Mais, je le répète, c’est faux…
Une mise en garde inquiétante de Jésus
En tant que disciples de Jésus, nous ne sommes pas libres de faire comme bon nous semble. Nous ne sommes pas libres de choisir comment vivre notre foi. C’est un mensonge de Satan. Sachez que cela arrange le diable que vous croyez être libres en matière de foi et de pratique, c’est pourquoi il est important de savoir quel est le risque qu’encourent tous ceux qui s’obstinent à utiliser « un chèque en blanc spirituel ». Nous le découvrons dans ce que Jésus déclare dans Mt 7.21-23 :
21 Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! n'entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux.
22 Plusieurs me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophétisé par ton nom ? n'avons-nous pas chassé des démons par ton nom ? et n'avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom ?
23 Alors je leur dirai ouvertement : Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité.
Tout d’abord au v.21, Jésus nous rappelle que nos actions comptent plus que nos déclarations. Je répète : nos actions comptent plus que nos déclarations. Jésus affirme que ce ne sont pas ceux qui disent qui entrent dans le Royaume éternel, mais ceux qui font. Prétendre est une chose, mais agir en est une autre. Se réclamer du Seigneur sans faire ce que dit le Seigneur, c’est vivre dans l’illusion. Et que faut-il faire ? La réponse de Jésus est d’une limpidité imparable : la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Nous devons accomplir non pas notre volonté, non pas nos désirs ou ce qui nous semble bon, mais la volonté du Père céleste. Cela annule le « chèque en blanc spirituel » que nous pensons détenir.
Ne dites surtout pas quelque chose du genre : « Dieu connaît mon cœur, il sait que je suis sincère ! Il y a des choses que je ne peux pas accepter, alors je choisis ce qu’il m’est possible de supporter. Ce qui compte c’est que je crois en Jésus et que ma vie lui appartienne… » Mes amis, cet argument est irrecevable devant le Seigneur ! Parler ainsi, c’est parler dans le vide. Nous ne pouvons pas prétendre que notre vie appartient à Jésus, que nous croyons en lui, tout en refusant sciemment de faire ce qu’il nous ordonne. Je crois que je viens de prononcer le mot qui fâche : « ordonne » !
Le Seigneur Jésus nous ordonne-t-il de faire certaines choses ? Absolument ! Il dit aux apôtres dans Mt 28.20 : « Enseignez-leur (en parlant des disciples) Enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit ». Le verbe grec traduit par « prescrit » signifie « ordonner et commander de faire ». Donc les apôtre ont reçu l’ordre d’enseigner ce que Jésus nous a commandé de faire. Cela montre bien que le Seigneur nous a ordonné certaines choses, et qu’il ne nous a pas laissés libres de décider de ce que nous voulons faire. Ou nous sommes sous la Seigneurie de Christ, ou nous ne le sommes pas. Nous ne pouvons pas dire « Seigneur, Seigneur », et ne pas faire ce qu’il attend de nous. C’est un non-sens.
Le surnaturel n’est pas un gage d’approbation divine
Mais revenons au chapitre sept de Matthieu. Le v.22 désigne ceux qui sont concernés par l’inquiétante mise en garde de Jésus : il s’agit d’individus qui opèrent dans la sphère chrétienne car ils prophétisent, ils chassent des démons et ils accomplissent des miracles. Certains prétendent que ces personnes mentent à Jésus, mais si c’était le cas, Jésus l’aurait certainement souligné. Or, à aucun moment Jésus ne s’oppose à leurs déclarations, ce qui indique qu’ils n’inventent rien. Qui plus est, la scène est décrite comme se passant le jour du grand jugement. Pensez-vous que quiconque pourrait en cet instant solennel prononcer le moindre mensonge en présence de la vérité incarnée et glorieuse du Fils de Dieu ? Acceptons-le, même si c’est pénible de l’admettre : il est question ici de chrétiens qui ont accompli des actes surnaturels pendant leur vie terrestre.
Mais là où ça devient vraiment inquiétant, c’est la réponse de Jésus aux arguments défensifs de ces croyants au v.23 : Je ne vous ai jamais connus. Cela signifie qu’il n’y a jamais eu aucun lien entre ces croyants et Jésus. Ces derniers n’ont jamais eu accès à sa communion. Et pour bien montrer qu’il ne les connait pas, qu’il n’y a aucun rapport entre eux, Jésus ajoute immédiatement : retirez-vous de moi. Il les chasse littéralement de sa présence en leur interdisant l’accès au Royaume. J’espère que vous comprenez la gravité de ce qui se passe ici ? Des croyants sont expulsés de la présence de Jésus au jour du grand jugement. Et pas n’importe lesquels, puisqu’il est question de croyants très actifs, ayant remporté du succès dans un ministère surnaturel.
Cela devrait nous rappeler que tout ce qui est « surnaturel » n’est pas forcément bon. Je dirai même que tout ce qui est fait au nom de Jésus, n’est pas automatiquement validé par Dieu. Dans notre texte, les contestataires s’adressent à Jésus en ces termes : « N’avons-nous pas prophétisé…chassé des démons…fait beaucoup de miracles par ton nom ? » Cela n’empêche nullement le Seigneur de leur répondre : « Je ne vous ai jamais connus ». Cela indique que ce qu’ils ont fait n’était pas reconnu par le Christ lui-même. Je ne sais pas pour vous, mais je trouve cela vraiment inquiétant...
Ce qu’il faut souligner, c’est ce dont Jésus les accuse : vous qui commettez l'iniquité. Le mot grec traduit par iniquité signifie « mépriser et violer la loi ». Arrêtons-nous un moment pour réfléchir à la portée de ce mot. En l’utilisant, Jésus veut que nous sachions que faire ce qu’il nous commande (Mt 28.20) est plus important que tous les actes que nous accomplissons par décision personnelle, même si ces actes sont surnaturels. Pour le dire autrement : nos « chèques en blancs spirituels », même s’ils nous permettent d’accomplir des exploits aux yeux des hommes, n’auront jamais la même valeur que notre soumission à la volonté du Seigneur. Nos prouesses surnaturelles ne pourront jamais se substituer à notre humble obéissance à ce que Dieu ordonne. C’est pourquoi : Evitons les pièges spirituels pour vivre selon Dieu !
Fuyez les faux prophètes !
Nous vivons à une époque où certains responsables chrétiens étalent leurs exploits spirituels sur Internet. Une rapide visite sur YouTube, et vous serez envahis de témoignages de miracles, de paroles prophétiques sur ce qui va bientôt arriver, de révélations inédites, d’aller-retour dans le ciel, de visions du monde spirituel, de manifestations extraordinaires du Christ, etc. Il ne se passe pas un jour sans qu’il y ait quelqu’un qui prétend avoir reçu une nouvelle révélation ou directive du Seigneur pour l’Eglise.
Plusieurs abusent des « chèques en blancs spirituels » pour dire et faire ce qu’ils veulent, sans même se soucier des conséquences que cela peut avoir. Savez-vous que des techniques ésotériques sont enseignées et librement pratiquées par des chrétiens qui croient que ce qu’ils font, vient du Saint-Esprit ? Je le sais par expérience, car j’ai fréquenté les milieux ésotériques durant une période très sombre de ma vie. Il y a une avalanche de fausses prophéties sur YouTube, et lorsque le contraire de ce qui est annoncé se produit, tout le monde fait comme si de rien n’était, et les auteurs de ces fausses prophéties ne se repentent même pas. La sphère chrétienne est remplie de faux prophètes et de fausses prophétesses en ce moment. Ils ou elles disent et font n’importe quoi.
Soyez vigilants, ne croyez pas tout ce qui se dit sur Internet, surtout quand cela vient d’individus qui affirment avoir reçu telle vision ou telle révélation. N’oubliez pas ce que déclare De 18.22 : « Quand ce que dira le prophète n'aura pas lieu et n'arrivera pas, ce sera une parole que l'Éternel n'aura point dite. C'est par audace que le prophète l'aura dite : n'aie pas peur de lui ». Quand une fausse prophétie est donnée, et que sa non-réalisation est confirmée, fuyez ce prétendu prophète, et n’ayez aucune crainte de lui. En fait, refusez d’écouter ce qu’il dira dorénavant, sauf s’il s’humilie publiquement et cesse de prophétiser. Hélas, tous les faux prophètes et les fausses prophétesses sur YouTube continuent de diffuser leurs fausses prophéties, même après que tout le monde ait eu la preuve que Dieu ne leur avait pas parlé.
Beaucoup de croyants courent après de nouvelles révélations. Ce n’est pas ce que le Seigneur veut. Notre responsabilité, en tant que disciple de Christ, c’est de chercher à mieux connaître la Parole écrite de Dieu. La recherche d’expériences et de révélations est le plus sûr moyen pour être trompés par le père du mensonge (Jn 8.44). Cherchez la vérité de la Parole. C’est par elle que le Saint-Esprit agira dans votre vie. Ne vous agrippez pas aux « chèques en blancs spirituels » des faux prophètes et des faux apôtres, ils vous conduiront dans la confusion et la déception. Agrippez-vous à la Bible, vous serez en meilleure sécurité.
Un abus de liberté qui peut s’avérer fatal
Je voudrais conclure par ce que Jude dit dans sa courte lettre dans les v.3-4 :
3 Bien aimés, comme je désirais vivement vous écrire au sujet de notre salut commun, je me suis senti obligé de le faire afin de vous exhorter à combattre pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes.
4 Car il s'est glissé parmi vous certains hommes, dont la condamnation est écrite depuis longtemps, des impies, qui changent la grâce de notre Dieu en dissolution, et qui renient notre seul maître et Seigneur Jésus Christ.
Nous n’avons pas à combattre pour nous soumettre à un apôtre ou à un prophète, mais nous sommes appelés « à combattre pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes ». En d’autres termes, nous devons rejeter les « chèques en blancs spirituels » en circulation dans la sphère chrétienne, et nous attacher à ce qui nous a été révélé et donné « une fois pour toutes » dans les Saintes-Ecritures, et qui a été confirmé par les Pères de l’Eglise, les Réformateurs et les Puritains. Pourquoi est-il nécessaire que nous combattions pour « la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes » ? Le v.4 nous le dit sans détour : « Car il s'est glissé parmi vous certains hommes ». Cela signifie que des individus se sont infiltrés dans les milieux chrétiens, mais ce sont des hommes que Dieu n’a pas envoyés. Jude les qualifie même d’impies, pour nous assurer qu’ils ne viennent pas de Dieu.
Et que font ces impies ? Ils changent…et ils renient. Le verbe grec traduit par « ils changent » signifie « enlever, détourner, déserter et passer par-dessus », ce qui indique un éloignement de la vérité de l’Evangile de la grâce. Le verbe « ils renient » en grec signifie quant à lui « renoncer, négliger et agir entièrement d'une autre manière ». Il est significatif que ce verbe soit en rapport avec le « maître et Seigneur Jésus-Christ », ce qui indique un abandon de la personne et de l’enseignement du Fils de Dieu. L’idée qui ressort de ces verbes, c’est que le christianisme professé par ces faux apôtres et prophètes, se détourne de ce qu’il était à l’origine. Et pourquoi agissent-ils de cette façon ? Parce qu’ils utilisent les « chèques en blancs spirituels », estimant qu’ils ont le droit de croire et d’agir comme bon leur semble.
Depuis quatre décennies, j’ai rencontré beaucoup de prédicateurs, de responsables d’églises locales et d’organisations chrétiennes, qui font ce qui leur semble bon. Tous agissent avec une grande liberté, aussi bien dans la formulation de leurs doctrines que dans la mise en application de ces dernières. Il n’est pas étonnant qu’il y ait autant de dénominations chrétiennes, et que l’on se perd dans la multitude de croyances et d’expressions évangéliques. A peu près tout le monde se sert des « chèques en blancs spirituels » pour faire ce qu’il croit devoir faire pour Dieu. Comment s’étonner alors de la division qui existe dans le monde chrétien ?
Au terme de notre partage, je crois utile de rappeler ces paroles de l’apôtre Paul dans Ga 5.13 (Le Semeur) : Oui, mes frères et sœurs, vous avez été appelés à la liberté. Seulement, ne faites pas de cette liberté un prétexte pour vivre comme des hommes livrés à eux-mêmes. La liberté que Christ nous a acquise par l’œuvre de la Rédemption, ce n’est pas le droit de faire ce que nous voulons, mais c’est la responsabilité d’agir selon la volonté du Seigneur. Evitons les pièges spirituels pour vivre selon Dieu ! Dans une prochaine étude, je vous dirai ce que nous devons faire exactement, si nous voulons ajuster notre foi à celle qui été transmise aux saints une fois pour toutes. Je vous montrerai comment nous devons nous conformer à ce que le Seigneur attend de tous ceux qui sont membres de son corps qui est l’Eglise. Que le Seigneur vous bénisse et vous fortifie.
A bientôt…
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