Aujourd’hui, et certainement pendant plusieurs semaines, je souhaite vous parler de l’humilité, en vous rappelant combien nous devons la prendre au sérieux. Un des versets majeurs sur le sujet se trouve dans Mt 23.12 : Quiconque s'élèvera sera abaissé, et quiconque s'abaissera sera élevé. Le verbe s’abaissera est la traduction du grec tapeinoo que l’on retrouve dans Mt 18.4 : C'est pourquoi, quiconque se rendra humble comme ce petit enfant sera le plus grand dans le royaume des cieux. D’ailleurs la Bible Juive Complète traduit ainsi Mt 23.12 : Car celui qui s’élève sera humilié, et celui qui s’humilie sera élevé. Que pouvons-nous apprendre de cette déclaration de Jésus ?
Dans ce court passage de l’Evangile, deux paires de verbes actifs et passifs sont mis en parallèle. Les verbes actifs désignent des actions que nous devons choisir d'accomplir. Cela signifie que si nous ne décidons pas de faire une certaine chose, elle ne se produira pas quand bien même nous connaissons la volonté parfaite de Dieu sur le sujet. Cette notion est tellement importante que j’y reviendrai souvent. Donc quand un verbe est actif, le résultat dépend de nous.
En revanche, quand un verbe est passif, le résultat ne dépend pas de nous. Cela veut dire que si nous décidons d’accomplir ce que préconise le verbe actif, le résultat décrit par le verbe passif se produira inévitablement, que nous le voulions ou non. Nous pourrions dire que le verbe actif souligne l'initiative humaine, tandis que le verbe passif souligne l'initiative divine. Examinons tout d'abord les verbes actifs.
Le verbe actif : s'humilier
Le point essentiel à comprendre ici, c'est que l'humilité est une question de choix personnel. La question est simple : Êtes-vous humble ? Si vous l'êtes, c'est parce que vous avez décidé d'être humble. Si vous ne l'êtes pas, c'est parce que vous n'avez pas décidé d'être humble. Je suis conscient que ce que je viens de dire peut paraître vraiment très simpliste, mais voyez-vous, la Bible parle du fait de s'humilier, et c'est un langage très simple, je n’y peux rien. S’humilier est un verbe actif.
Une autre façon de le dire est que l'humilité est un objectif à atteindre. J'espère que ce que je vais partager avec vous dans ces différents articles, vous aidera à entreprendre le voyage vers l'humilité, si je peux m’exprimer ainsi, et à arriver à destination. Supposons que vous souhaitiez vous rendre à Paris : il vous faudra entreprendre certaines actions. Vous cherchez la ville sur une carte, afin de déterminer quelle direction prendre. Ensuite vous choisissez le moyen de transport approprié, vous déterminez le temps que cela vous prendra, vous réunissez l'argent nécessaire, puis vous faites le voyage et finalement, vous arrivez à destination. C’est simple, n’est-ce pas ? Ah bien c'est à peu près de la même façon que l'on s'y prend pour atteindre l'humilité.
Regardez ce que dit Pierre dans 1 P 5.5 : Dans vos rapports mutuels, revêtez-vous d'humilité ; car Dieu résiste aux orgueilleux, Mais il fait grâce aux humbles. L’apôtre utilise une métaphore intéressante. Il dit qu’être humble, c'est comme s'habiller…C’est un geste quotidien d’une grande simplicité, n’est-ce pas ? Mais qui vous habille chaque matin ? Si vous n’êtes pas un bébé ou un petit enfant, c'est vous-mêmes qui vous habillez ! Alors que vous lisez ces lignes, vous n'êtes pas dévêtu, parce que vous avez décidé de vous habiller en commençant votre journée, et que vous vous êtes effectivement habillé vous-même. De la même manière, nous sommes tous censés être habillés ou revêtus d'humilité. Encore une fois, c’est un verbe actif. Nous devons décider de nous habiller, et ensuite le faire.
Je pense que vous n'auriez aucun problème à dire honnêtement « Je suis habillé ». De même, de nombreux chrétiens n’auraient aucun problème (du moins, ne devraient avoir aucun problème !) à dire « Je suis fidèle à mon conjoint », « Je lis ma Bible et prie régulièrement » ou « Je ne vole ni ne tue personne » ... En fait, chacune de ces déclarations, et bien d'autres semblables, est attendue de toute personne qui prétend croire en Jésus et mener une vie chrétienne normale. Nous sommes bien d’accord ? Mais maintenant, essayez de dire ceci : « Je suis humble ». Pour une étrange raison, elle ne sonne pas exactement de la même façon que les déclarations précédentes. L’avez-vous remarqué ? Quand vous dites « Je suis humble », vous ressentez une certaine dissonance. Cela vous met mal à l'aise de dire cela, même si nous savons que nous sommes censés être humbles. En réalité, dire soi-même « Je suis humble », ça fait orgueilleux ! C’est du moins ainsi qu’on le ressent...
Le verbe passif : être humilié
Si le verbe actif est « humilie-toi », le verbe passif est « Dieu t'humilie ». A quel moment Dieu humilie-t-il quelqu’un ? La réponse est claire dans Mt 23.12 : lorsqu’il s’élève lui-même ! Nous avons donc le choix entre nous humilier nous-même ou être humiliés par Dieu. Quand nous passons en mode actif – nous nous humilions nous-mêmes – Dieu nous élève. Mais si nous nous élevons nous-mêmes, nous passons en mode passif : Dieu nous humilie !
N'oublions pas la formule : Si nous choisissons d'être humbles (actif), le résultat est que nous serons élevés (passif). Cette combinaison a une implication intéressante à laquelle nous ne pensons pas toujours. Si nous sommes élevés, c’est parce que nous sommes humbles. Si nous n'étions pas humbles, Dieu ne nous aurait pas élevés. Est-ce bien ce que dit la Bible ? Oui, c’est exactement ce qui est écrit dans Mt 23.12.
Internet met en évidence un grand nombre de responsables chrétiens très respectés. Nous pouvons en déduire que chacun d'entre eux est une personne humble. Je sais qu'à première vue, ce n’est pas à cette vertu que l’on pense. Nous ne les connaissons qu'à travers leur organisation, les messages clés de leurs conférences, les livres qu'ils publient ou les articles écrits à leur sujet dans les différents médias. Il est alors facile de conclure que ces prédicateurs connus sont des personnes fières. Je le comprends, car je me suis forgé des opinions similaires. Mais peut-être que si l’occasion nous était donnée d'approcher la plupart de ces dirigeants chrétiens et de descendre sous la surface, nous verrions qu’en réalité leur humilité est définitivement au rendez-vous. Demandez-vous si Dieu ne leur permettrait pas d'être aussi élevés, s’il n’avait pas tout d’abord vu chez eux une réelle humilité ?
Y a-t-il des exceptions à cette vraie humilité ? Certainement. Il y a de faux apôtres. Il y a des prophètes prétentieux. Il y a des évangélistes cupides. Il y a des pasteurs manipulateurs. Il y a des enseignants égoïstes. Malheureusement, de tels individus jettent un grand discrédit sur l’Eglise de Christ, et sont des souillures dans le royaume de Dieu. Ils doivent être mis en garde contre les dangers du verbe passif : Dieu finit par les humilier un jour ou l’autre. Il ne se passe pas une décennie pendant laquelle des ministères en vue sont abaissés subitement, et perdent toute crédibilité.
Dieu intervient
Si vous choisissez de vous élever (actif), alors tôt ou tard, vous serez humilié (passif). Ça ne rate jamais. Le genre de personnes dont je viens de parler doit être parfaitement conscient qu'un énorme danger les guette. Si elles sont élevées parce qu'elles ont choisi de s'exalter elles-mêmes, des problèmes majeurs causés par Dieu les attendent devant. Puisqu'elles n'ont pas choisi de s'humilier, Dieu peut intervenir à tout moment et les humilier Lui-même. Quand il le fait, croyez-moi, il est trop tard ! Dieu est généralement patient. Parfois, un dirigeant chrétien orgueilleux peut nous irriter au point que nous disons : « Mon Dieu, quand vas-tu faire quelque chose à ce sujet ? Ce prédicateur devrait être retirée de son pupitre et exclus du ministère... » Mais Dieu sait mieux chronométrer que nous et lorsqu'il intervient, c'est souvent plus tard que plus tôt, en raison de sa patience. Mais il intervient, et c’est alors trop tard pour le prédicateur de se repentir.
Dieu restaure mais…
Qu'est-ce que je veux dire par « C’est alors trop tard pour le prédicateur de se repentir » ? Cela signifie que si Dieu intervient et humilie un prédicateur, son ministère ne sera plus jamais le même. Il est vrai qu'il existe un processus appelé « restauration ». Si Dieu humilie un ministère, il peut être restauré, mais il le regrettera pour le reste de sa vie, car il ne reviendra jamais au même niveau où il était auparavant. Sa biographie comportera des chapitres « avant » et « après » l’humiliation divine, et après ne sera pas aussi bon qu’avant.
Le roi David en est un excellent exemple de ce principe. Nous découvrons son histoire dans les deux livres de Samuel. Dans le second livre de Samuel, au chapitre onze, David commet le péché avec Bath-Schéba en raison de son orgueil et de sa convoitise (les deux marchent souvent ensemble !) : il ne pose aucune limite à ses envies, et décide de prendre la femme d’un de ses plus valeureux soldats, après avoir veillé à ce que ce dernier se fasse tué au combat. Mais Dieu intervient et l'humilie en envoyant le prophète Nathan pour le confronter à son péché. Ce triste évènement nous permet de dresser un plan très schématique du deuxième livre de Samuel :
1. Les triomphes de David (chapitres 1à10)
2. Les transgressions de David (chapitre 11)
3. Les problèmes de David (chapitres 12 à 24)
A partir du chapitre onze, la gloire et la renommée de David s'estompent, pour ne plus jamais être les mêmes. Bien sûr, David confesse ses péchés et il est restauré. Le Ps 51 est le vibrant témoignage de cette restauration spirituelle où le pardon lui est donné. Nul doute que David fut un grand roi, mais s'il s'était humilié à temps, sans tomber dans son grossier péché avec Bath-Schéba, sa royauté aurait été bien mieux et il n’aurait pas connu toutes les déconvenues qui lui sont arrivées après qu’il ait été humilié par Dieu. Voilà le principe à retenir : si Dieu doit nous humilier, les choses ne seront jamais plus pareilles…
Le cas d'Ananias et Saphira dans le chapitre cinq des Actes est encore plus dramatique. À cette époque, de nombreux croyants vendaient les terres et les maisons qu’ils possédaient probablement en double, et en donnaient le produit à l'Église. Ananias et Saphira ont vendu une de leurs propriétés, mais ils avaient décidé de garder une partie du produit de la vente et d'en donner une autre à l'Église. Ils en avaient tout à fait le droit, mais l'orgueil est entré en jeu. Ils ont choisi de s'élever aux yeux des apôtres, en prétendant fièrement qu'ils donnaient tout à l'Église, comme de nombreux autres croyants le faisaient. Dans ce cas précis Dieu n'a pas été très patient, car il est immédiatement intervenu par l’intermédiaire de Pierre. Le Seigneur a pris des mesures extrêmes pour les humilier tous les deux, en mettant brusquement fin à leur vie (Cf. Ac 5.1-10).
Commençons par réfléchir à l’humilité d'une manière nouvelle. Prenez quelques instants pour vous souvenir de quelques-uns des centaines, peut-être même des milliers, de prédications que vous avez entendues jusqu’à présent. Combien de ces enseignements ont traité du sujet de l'humilité, du début à la fin ? Pour beaucoup de chrétiens, il est en fait difficile de se souvenir d'un tel sermon, car il y en a peu en vérité. Il ne fait aucun doute que l'humilité plaît à Dieu, la Bible l’atteste suffisamment. Nous sommes tous d'accord pour dire que l'orgueil, qui est le contraire de l'humilité, peut nous attirer beaucoup d'ennuis. Tout le monde est censé connaître ce principe fondamental. Par conséquent, on suppose que tout le monde en comprend également les tenants et les aboutissants. Mais rares sont ceux qui vont au-delà de cette hypothèse.
Pour la plupart, les pasteurs ont tendance à avoir de grandes bibliothèques personnelles. Demandez à votre pasteur combien de livres sur le sujet explicite de l'humilité il a dans sa bibliothèque. Bien qu'il puisse y avoir une exception ici ou là, il y a de fortes chances que vous obteniez l'une des deux réponses suivantes. La première est « Je n'en ai pas vraiment, cependant j'ai quelques livres qui parlent de l'humilité, bien que le mot ne figure pas dans le titre ». Ces livres ne comptent pas, parce que l’humilité n’en est pas le sujet central, on en parle juste en passant. La deuxième réponse pourrait être : « Oui, j'en ai un, c’est le livre d'Andrew Murray : L’humilité, la beauté de la Sainteté ».
Il s’agit du classique largement considéré sur le sujet, que je vous conseille d’ailleurs de lire. Vous pouvez le télécharger ou le lire en ligne en cliquant sur l’image suivante. Permettez-moi de conclure cet article en réitérant mon point principal : être une personne humble, c'est un choix personnel ! Si vous faites le choix de vous humilier et d'appliquer l’humilité à votre vie quotidienne, vous serez élevé par Dieu. Cela ne veut pas dire que vous deviendrez obligatoirement une personne publique, mais votre vie connaîtra une élévation en termes de bénédictions. Disons-le de la façon suivante : celui qui s’humilie connaît la bénédiction divine dans de nombreux domaines de sa vie. Je crois qu'il est temps de prendre l'humilité au sérieux ! Pas Vous ?
A bientôt…
Merci Eric,
Une anecdote sur ce sujet :
Un pasteur rempli d'orgueil devant d'autres pasteurs derrière l'estrade dit: je vais descendre et parler au peuple et le peuple donnera une grosse offrande. Mais hélas lorsqu'il remonte humilié pour retrouver ses amis pasteurs pour leur dire que l'offrande a été presque nul. Un pasteur lui dit:
"Si tu étais descendu comme tu es remonté, tu serais remonté comme tu es descendu"
Merci pasteur, arrêtant avec le"moi-je". Tout viens du seigneur, même nos cheveux sont tous comptés.