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LE PERE QUI ADOPTE

Cela peut être une vraie surprise pour des croyants de découvrir que Dieu révèle sa paternité dès l’Ancien Testament, mais c’est pourtant la vérité ! Cela affaiblit considérablement la théorie selon laquelle le Dieu de Jésus-Christ serait différent du Dieu de Moïse, le premier étant plein de bonté, alors que le second se montre intransigeant dans ses rapports avec l’être humain. Une telle vision de Dieu résulte soit d’une lecture superficielle de la Bible, soit de l’ignorance du caractère progressif de la révélation. En d’autres termes, on oublie que Dieu lève petit à petit le voile sur sa nature. Il ne dit pas tout dès le début, il ne fait que donner des indices ici et là, pour parvenir à un dévoilement complet par Jésus-Christ, aussi bien dans les Évangiles que les lettres des Apôtres. Paul dit en effet dans Col 1.15 ; 19 :

15 Il est l'image du Dieu invisible...

19 Car Dieu a voulu que toute plénitude habitât en lui.

Jusqu’à présent nous avons relevé trois vérités sur la paternité de Dieu à partir de l’Ancien Testament : 1)Le Père qui s’occupe de ses enfants et en qui nous pouvons avoir confiance. 2) Le Père qui discipline ses enfants et auquel nous devons nous soumettre. 3) Le Père qui a compassion de ses enfants et à qui nous devons être reconnaissants. Nous clôturons cette série d’articles par la quatrième vérité suivante :

4) le Père qui adopte les orphelins et en qui nous trouvons la sécurité.


Je voudrais introduire notre réflexion par deux remarquables textes que nous trouvons dans le livre des Psaumes. Ils peuvent passer inaperçus, aussi je vous invite à les lire très attentivement. Le premier c’est le Ps 27.9-10 :

9 Ne me cache point ta face, Ne repousse pas avec colère ton serviteur ! Tu es mon secours, ne me laisse pas, ne m'abandonne pas, Dieu de mon salut !

10 Car mon père et ma mère m'abandonnent, Mais l'Éternel me recueillera.


Le second c’est le Ps 68.5-7 :

5 Chantez à Dieu, célébrez son nom ! Frayez le chemin à celui qui s'avance à travers les plaines ! L'Éternel est son nom : réjouissez-vous devant lui !

6 Le père des orphelins, le défenseur des veuves, C'est Dieu dans sa demeure sainte.

7 Dieu donne une famille à ceux qui étaient abandonnés, Il délivre les captifs et les rend heureux ; Les rebelles seuls habitent des lieux arides.


Savez-vous qu’en dehors de la déclaration du Ps 89.27 où Dieu dit au sujet de David « il m'invoquera : Tu es mon père, Mon Dieu et le rocher de mon salut ! », ce sont les seules autres références du livre des Psaumes dans lesquelles Dieu est comparé à un père humain ? Ces textes ont en commun l'idée que Dieu intervient en tant que père adoptif dans des circonstances où les parents humains ont soit abandonné leur enfant, soit les ont laissés orphelins. Nous découvrons que Dieu, en tant que père, prend le relais là où la paternité humaine a échoué pour une raison ou une autre. Le père des orphelins : n’est-ce pas une des plus belles images que nous pouvons avoir de Dieu ? Et c’est dans l’Ancien Testament que nous la trouvons...


Penchons-nous un peu plus sur nos deux Psaumes, car ils ont des choses importantes à nous apprendre. Tout d’abord, regardons le Psaume 27. Il commence par des notes très fortes sur la foi en Dieu et le courage qu'elle engendre face aux ennemis. Il est clair que l'auteur est effectivement entouré de persécuteurs et qu'il a grand besoin de la protection et de la provision de Dieu (Cf. v.1-3). Dans les v.4-6, le Psalmiste témoigne de sa foi dans une issue positive de la situation, et il le fait par la prière et la confession. Ensuite, les v.7-9 suggèrent que sous la pression du danger qui l'entoure, l'auteur cherche à obtenir de Dieu l'assurance qu'il sera bien là pour le protéger, qu’il exaucera sa prière et qu'il tiendra ses promesses. Lorsqu’il déclare au v.10 : Car mon père et ma mère m'abandonnent, il est peu probable que l'auteur ait été littéralement abandonné par ses parents humains. Mais alors, pourquoi dit-il cela ?


Je crois que le Psalmiste envisage la douleur de l’un des drames les plus dévastateurs qui puissent frapper un enfant : celui d’être abandonné par ses parents, mais que même si cela lui arrivait, en se tournant vers Dieu, comme il le fait tout au long du Psaume, il sait qu'il se tourne vers celui dont l'engagement d’amour et de fidélité envers lui est plus puissant encore que le lien humain le plus fort entre des parents et leurs enfants. Il affirme que Dieu est le Père dont la protection ne sera jamais retirée, dont l'engagement survivra à toute paternité terrestre. Dieu est le Père qui, s’il arrivait au croyant de se retrouver effectivement orphelin de père, l'adoptera comme sien et le recueillera.


Passons au Psaumes 68. Dans l'ensemble, c’est un Psaume qui célèbre la puissance de l’Eternel en tant que le Dieu victorieux de l'histoire d'Israël, celui qui l’a protégé et qui l’a aidé dans la conquête du pays promis (Cf. v.8-11). Mais les v.5-6 constituent une sorte de contrepartie célébrant la nature compatissante et relationnelle de Dieu, face à sa force triomphante. La sollicitude particulière de Dieu pour les veuves et les orphelins est bien documentée dans des récits tels que l'hébergement temporaire d'Elie chez la veuve de Sarepta (Cf. 1 R 17.8-16) ou l'histoire de Ruth (Cf. 3.11-16). Dieu y apparaît comme étant le père adoptif qui prend soin des orphelins, et comme l'avocat qui représente les veuves au tribunal, celui qui veille à ce qu'elles obtiennent justice.


Il est frappant de constater que dans l'un des rares textes de l'Ancien Testament qui parle directement de Dieu comme d'un père, l'accent est mis sur la position d'amour, de protection et de défense de Dieu à l'égard des personnes les plus faibles et les plus vulnérables de la société d’alors : les veuves et les orphelins ! Dieu est le père et le protecteur de ceux qui ont perdu les liens naturels de la protection humaine, que ce soit à cause d'un abandon ou d'un deuil naturel.


Ces textes sont certainement d'une pertinence puissante et émouvante dans notre monde, où de nombreuses personnes qui viennent à la foi dans le Christ se retrouvent parfois abandonnées et rejetées par leurs proches. La perte de la famille est une chose terrible et terrifiante à n'importe quelle époque. La connaissance de la paternité de Dieu est donc une vérité biblique qui ne peut être traitée à la légère ou avec désinvolture, mais c’est une vérité qui fournit un cadre de sécurité ultime et éternelle pour ceux qui apprennent à connaître leur Père céleste et à lui faire confiance par la foi salvatrice en Jésus.


Le Père qui adopte est mis en avant dans les épîtres des apôtres. Ces derniers nous apprennent en effet que deux choses se produisent dans notre relation avec la famille de Dieu au moment où nous croyons en Christ comme notre Sauveur et Seigneur : il est régénéré et adopté. Le pécheur repentant, qui n'est pas un fils naturel de Dieu, est positionné comme un fils dans la famille de Dieu. Il s'agit d'une action et d'une position juridiques. C'est en quelque sorte une adoption formelle, comme lorsque l’enfant est légalement placé dans une nouvelle famille. Gardez à l'esprit que l’adoption n'est pas la même chose que la régénération qui est l’acte par lequel un pécheur repentant né spirituellement dans la famille de Dieu. On parle alors de nouvelle naissance. L’adoption accompagne la nouvelle naissance, mais elle est de nature juridique. Ep 1.4-5 déclare :

4 En lui Dieu nous a élus avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irrépréhensibles devant lui,

5 nous ayant prédestinés dans son amour à être ses enfants d'adoption par Jésus Christ, selon le bon plaisir de sa volonté.


L'adoption met l'accent sur la position que nous avons avec Dieu en tant qu’enfants. Cette adoption spirituelle a lieu au moment où l'on est sauvé par la foi. Celui qui est ainsi adopté reçoit à la fois le privilège et la responsabilité d’un enfant au sein de la famille de Dieu. Parce que nous avons été adoptés, Dieu attend de nous que nous nous comportions en conséquence, en nous promettant de prendre soin de nous. Notre position d'enfants de Dieu nous permet de vivre la vie chrétienne par l’assistance du Saint-Esprit qui nous donne la capacité de grandir spirituellement, en devenant de plus en plus conforme à Jésus-Christ. Il n'y a pas d'autre façon de vivre avec Dieu. Il nous sauve et vient habiter en nous par le Saint-Esprit, afin que Christ vive sa vie à travers nous. Cela est confirmé par les textes suivants :

1 Jn 4.13 : Nous connaissons que nous demeurons en lui, et qu'il demeure en nous, en ce qu'il nous a donné de son Esprit.

Ga 2.20 : J'ai été crucifié avec Christ ; et si je vis, ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi.


Cette adoption spirituelle que nous expérimentons en Christ, nous place dans une position de sécurité extraordinaire : Dieu ne nous abandonnera jamais, et il demeurera toujours avec nous par le Saint-Esprit. Jésus a affirmé dans Jn 10.29 : Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous ; et personne ne peut les ravir de la main de mon Père. Tout idée d’abandon ou d’infidélité de la part du Père est exclue de cette affirmation de Christ. Par ailleurs, il déclare concernant le Saint-Esprit dans Jn 14.16 : Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu'il demeure éternellement avec vous. Jamais le Saint-Esprit ne nous abandonnera. Nous n’avons aucune peur à avoir à ce sujet. Peut-il exister une plus grande sécurité que celle-ci ? C’est la raison pour laquelle Paul dit dans Ro 8.15 : Et vous n'avez point reçu un esprit de servitude, pour être encore dans la crainte ; mais vous avez reçu un Esprit d'adoption, par lequel nous crions : Abba ! Père ! Que son nom soit béni !


En conclusion : pour Israël déjà, connaître Dieu impliquait d’expérimenter certaines dimensions de son caractère et de ses interventions qui pouvaient être exprimées par la comparaison avec la paternité ou la parentalité humaine. L'idée de Dieu en tant que père ne devait pas dégénérer en une mythologie païenne d’un dieu qui donnerait naissance à des enfants par des moyens physiques naturels. Dieu n'a pas « engendré » les humains par une sorte de procréation, comme dans certaines religions polythéistes ! Et peut-être, comme nous l'avons dit, est-ce la raison pour laquelle, à l'époque de l'Ancien Testament, on hésitait à se référer à Dieu simplement comme « Dieu le Père ». Cela dit, il est clair que Dieu a agi d’une manière qui trouve des analogies dans le comportement des meilleurs pères humains. Laissez-moi vous les rappeler :


1) Il est le Père qui porte son peuple, le protégeant de tous les dangers, et à qui nous pouvons faire confiance comme un enfant dans les bras de son père le ferait.


2) Il est le Père qui discipline son peuple pour son bien et son apprentissage. Comme un enfant sage, nous pouvons nous soumettre à cette discipline, en reconnaissant que c’est l'amour qui la motive.


3) Il est le Père qui a pitié de son peuple, se souvenant de son humanité issue de la terre, et agissant pour effacer son péché. Une telle compassion paternelle appelle notre gratitude et notre louange.


4) Il est le Père qui prend le relais là où les pères humains échouent, adoptant ceux qui se confient en lui pour qu'ils ne soient plus orphelins. C'est en cela que réside notre sécurité éternelle.


Voici donc notre Dieu : celui que nous pouvons à juste titre connaître comme notre Père grâce à la révélation plus complète par Jésus-Christ son Fils ! La doctrine biblique de la paternité de Dieu comporte bien d'autres dimensions, mais j'espère qu'il est maintenant clair pour vous que, en connaissant l’Eternel, les croyants de l'Ancien Testament avaient une compréhension remarquablement profonde de ce que signifie connaître Dieu en tant que Père. Dieu en attendrait-il moins de nous aujourd’hui ? La réponse me semble évidente, et je pense que vous la connaissez.


A bientôt...



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