top of page

LA THÉORIE DU CYGNE NOIR

Suite aux réactions et questions des lecteurs de notre article précédent : « Demain : la fin de notre civilisation », nous vous donnons une liste –non exhaustive- de nos sources, très diversifiées et essentiellement scientifiques :

- Rapport MEADOWS / Les limites à la croissance dans un monde fini. 1974-2004. / + conférences de Dennis MEADOWS au MIT 2017.

- J-M JANCOVICI / Dormez tranquilles jusqu'en 2100 et autres malentendus sur le climat et l'énergie. 2015. / + site et conférences de JM JANCOVICI

- R. DUTERME / De quoi l'effondrement est-il le nom ? 2016.

- BONNEUIL & FRESSOZ / L'événement Anthropocène, la Terre, l'Histoire et nous. 2016.

- P. SERVIGNE / Comment tout peut s'effondrer, Manuel de collapsologie à l'usage des générations présentes. 2015. - Ph. BIHOUIX / L'âge des Low Tech. 2014.

- S. KEEN / L’imposture économique. 2014.

- Association ADRASTIA + conférences de Vincent MIGNEROT - Podcasts : ATTERRISSAGE / SISMIQUE / PRESAGES / NEXT = interviews de nombreux spécialistes.

- chaîne YouTube THINKERVIEW = interviews de nombreux spécialistes.


Nous vous proposons ce 2e article qui rassemble des pistes de réflexion et d’action ainsi que des sources complémentaires. Face à une non négligeable probabilité d’effondrement systémique de la civilisation « occidentale » dont les modes de fonctionnement – le 1er étant le Libéralisme économique – sont à présent appliqués à l’échelle mondiale, il y a un éventail de réactions possibles.

1 - La première et la plus courante reste le déni : on sait que les voyants sont passés au rouge, mais on refuse d’en tirer les conséquences logiques et on se raccroche à des choses irrationnelles voire invraisemblables qui reposent généralement sur les capacités humaines.

Il n’est pas faux de dire que l’humain peut déployer des compétences remarquables, une créativité et une adaptabilité exceptionnelles. Mais il a aussi cette réaction – facile dans un 1er temps ! – de refuser de croire les choses qui le dérangent et que pourtant il sait être vraies.


  • Consulter G. MARSHALL / Le syndrome de l’autruche. Pourquoi mon cerveau veut ignorer le changement climatique. 2017.

De fait, les processus qui convergent vers l’effondrement ne sont plus pour demain, ils sont déjà largement enclenchés. Refuser de le croire n’y changera rien. L’ignorance ne protège de rien.

Il n’y a pas à craindre la disparition de l’espèce humaine, une espèce ubiquiste, mais le krach du complexe système « hors sol » dans lequel nous vivons qui entrainera classiquement guerres, famines et épidémies, et donc une chute démographique globale (mais très variable selon les régions) inégalée dans l’Histoire, avec son cortège de désastres humanitaires.


  • Consulter J.A. TAINTER / L’effondrement des sociétés complexes. 2013.

Les projections démographiques linéaires supposent 11-12 milliards d’êtres humains en 2100. Mais la prise en compte des effondrements possibles (baisse des productions agricoles, indisponibilité de l’eau potable, 6e extinction de la biodiversité, etc.) et des zones géographiques rendues inhabitables (climat, montée des océans, pollutions, etc.) évoque 2 milliards à 500 millions de terriens à la fin du siècle.

En lui-même le déni comporte diverses facettes : intervenir par géo-ingénierie pour rétablir les équilibres climatiques (que nous comprenons à peine !), déménager sur une nouvelle planète (en passant par un trou de ver pour abolir les distances !), découvrir une source d’énergie propre et illimitée –éventuellement la fusion- (ce qui ne manquerait pas d’initier une empreinte écologique humaine illimitée elle aussi !), etc.

L’économiste Jeremy RIFKIN prévoit même une « Troisième Révolution industrielle » fondée sur les technologies high tech hyperconsommatrices de minerais rares (par exemple, les platinoïdes indispensables aux technologies Hydrogène) par ailleurs très polluants à extraire.

Certains préfèrent plus banalement se convaincre que la situation n’est pas si grave et que les choses vont forcément s’arranger… Les conditionnements psycho-sociologiques sont puissants.

Donc continuons comme d’habitude : business as usual…


2 - A l’opposé du déni, se trouve le survivalisme.

Les survivalistes sont extrêmement conscients des processus économiques, financiers et écologiques en cours de dégradation. Et sont déterminés à faire partie des survivants à l’effondrement à venir.

En 2016, Dimitri ORLOV a théorisé les 5 successifs stades de l’effondrement de la société thermo-industrielle : le dernier de ces stades est l’effondrement culturel qui laisse derrière lui des hordes de pillards avides d’accaparer les miettes de la civilisation pour survivre à tout prix. Les survivalistes sont déterminés à s’organiser en petits réseaux solidaires pour regrouper leurs forces, leurs compétences et leurs biens, et lutter pour leur survie même au prix de la vie des autres. De nombreux ouvrages et associations expliquent comment se préparer (réserves, armes, bunkers, etc.), comment analyser les dangers sur le terrain, quoi prioriser, et comment s’entrainer à faire face au pire. Voici la Règle des 3 de la survie qui résume les principes de sécurité vitale :

- 3 secondes sans vigilance (et vous risquez le piège ou l’accident)

- 3 minutes sans oxygène (et vous êtes mort)

- 3 heures sans réguler sa température (et vous entrez en hypothermie puis coma)

- 3 jours sans eau potable (et vous êtes très mal en point)

- 3 semaines sans nourriture (et vous êtes très affaibli, mort au delà de 40 jours)

- 3 mois sans hygiène (et vous êtes parasité, malade, très affaibli)

- 3 ans dans un environnement psychologiquement toxique (et vous vous effondrez, devenez violent, vous laissez mourir ou vous suicidez)


Certains survivalistes se posent à eux-mêmes la question de savoir si cela vaut la peine de s’acharner à survivre dans les décombres d’une société effondrée, aux limites de telles conditions…et préconisent éventuellement le suicide individuel ou collectif.

  • Consulter D. TRIBAUDEAU / Guide de la survie en ville. Quand plus rien ne fonctionne. 2018.

  • Docteur X. MANIGUET / Survivre. Comment vaincre en milieu hostile. 2016. / approche médicale de la survie.

Entre ces 2 extrêmes, d’autres positions sont envisageables.


3 - Le fatalisme est courant : l’espèce humaine a semé le vent, donc elle récolte la tempête (Cf. Osée chapitre 8 verset 7), ce n’est pas surprenant, et même, ce n’est que justice.

Tous sont solidairement coupables, tous vont payer le prix de la convoitise, de l’avidité, du profit à tout prix, du court-termisme, de la cruauté…

Toutes les civilisations naissent, grandissent et meurent, l’Empire Romain en est un bon exemple, c’est inévitable, et nous allons nous aussi le vivre. Alea jacta est. Poussée au terme de son raisonnement, cette position débouche sur le constat que « l’Homme est le cancer de la planète » (Théorie GAIA où la Terre est comprise comme une entité vivante / Film AVATAR – Pandora) et qu’il est donc souhaitable qu’un coup d’arrêt radical mette fin à sa prédation sur la Nature. En effet, l’homme est le seul animal qui détruit en connaissance de cause le milieu de vie dont il dépend, et qui détruit sans état d’âme les autres êtres vivants, qu’il estime tous inférieurs à lui


4 - Une autre position devenue courante est celle dénoncée avec exaspération par Nicolas HULOT lors de sa démission à la rentrée 2018 : la politique des petits pas, la politique des petits gestes individuels.

Les gens sont culpabilisés puis encouragés à faire des efforts pour éviter gaspillages et pollutions : remplacer les ampoules classiques par des leds, et les bains par de courtes douches, et les petits trajets en voiture par la marche ou le vélo, et le burger par les légumes vapeur, et les divers emballages plastiques par des contenants en verre, etc.

On leur dit que le consommateur peut changer le monde avec sa Carte Bleue et devenir un « consom’acteur », et ils s’y efforcent en préférant les circuits courts, le bio et les produits de saison, le made in France/local, le tri et le recyclage, le compostage et la permaculture, les achats seconde main, etc. au sein d’associations locales. Ces changements de comportement sont éminemment positifs. Mais de faible poids face à la réalité massive des chiffres, à l’inertie des retards cumulés, aux intérêts immédiats des multinationales, à l’impuissance des démocraties, à la convoitise de populations privées du confort à l’occidentale... L’éparpillement des micro-tentatives positives les rend insuffisamment influentes, alors que le temps presse.

Des exemples quantitatifs :

- La consommation d’eau domestique représente environ 9% de l’eau utilisée (et polluée) dans le monde, 91% relèvent des usages agricoles et industriels.

- Le fonctionnement du porte-conteneurs géant St-Exupéry mis en service en septembre 2018 équivaut en quantité annuelle de pollution atmosphérique à plusieurs millions de voitures.

- La Finance mondiale investit moins de 10% des capitaux dans l’économie réelle (rétribution moyenne = 2 ou 3%) et + de 90% dans la spéculation (rétribution souvent supérieure à 10% voire très au-delà).

Que pèse donc le consom’acteur lambda ?


5 - Une autre position, économiquement liée à la précédente mais malhonnête, vaut d’être ici citée : le green-washing qui consiste à faire passer pour « responsable », « durable », « soutenable », « vert », « écologique », un procédé (ou une marque) quelconque afin de le vendre à des naïfs sous-informés ou trompés.

Sans rentrer dans des détails techniques, une importante part de ce qui nous est proposé comme « énergies renouvelables », « moteurs propres », « high tech dématérialisée » pour mieux gérer sa consommation ou diminuer son empreinte écologique, est illusoire voire mensonger, car mis en œuvre grâce à l’utilisation des combustibles fossiles et à l’extractivisme intensif des minerais, destructeurs directs ou indirects des écosystèmes.

Si on accepte d’y réfléchir, on comprend vite qu’il ne faut pas confondre énergie « renouvelable » (non fossile), « propre » (non polluante) et « décarbonée » (non émettrice de gaz à effet de serre GES). Les contradictions sont nombreuses, et les marges de progression technologique considérables (à condition de financer la Recherche & Développement).

  • Consulter Ph. BIHOUIX / L’âge des Low Tech. 2014.

  • G. PAULI / Soyons aussi intelligents que la Nature. 2018.

Les exemples sont légion : le Bio industriel produit en Asie ou en Amérique du Sud, emballé dans du plastique et distribué sur la planète à bas prix par des porte-conteneurs très polluants, ou les panneaux solaires et les éoliennes fabriqués par des usines qui tournent au charbon… Sans compter les impacts à long terme (métaux rares indispensables mais non recyclables car fondus en alliages complexes), et les effets pervers divers (innombrables petits agriculteurs réduits à ne pouvoir vivre de leurs exploitations trop endettées) …

Le consommateur vit dans l’illusion, non sans complaisance, puisqu’il suffit souvent de rechercher des informations pour y voir clair. Quand on repeint un mur gris en vert, ça n’en reste pas moins un mur, ça ne devient pas une forêt. La question de fond est de savoir si on a réellement besoin de consommer toujours plus d’énergie (ce que notre société fait actuellement). L’énergie étant la grandeur quantitative de transformation du monde, plus on en emploie, plus on impacte les écosystèmes.

La Loi de l’Entropie démontre que ces impacts comportent toujours une part irréversible de dégradation et de perte (en termes d’énergie, de biodiversité, de métaux, etc.).

Un exemple simple : quand une centrale brûle du charbon pour produire de l’électricité, environ 70% de ce charbon est dissipé en chaleur qui chauffe l’eau des circuits de refroidissement internes et l’air au-dessus de la centrale par des cheminées d’évacuation. Seuls 30% sont finalement transformés en électricité, le reste –transformé en chaleur- est perdu pour les usages humains.

L’entropie s’applique partout : toute transformation génère une déperdition, une dégradation ou un désordre co-latéraux. C’est dans la nature même du monde physique et matériel.

  • Consulter L. TESTOT / Cataclysmes, une Histoire environnementale de l’Humanité. 2017. / analyse historique de notre empreinte écologique depuis 3 millions d’années.

Au bout du compte, faut-il acheter un t-shirt en coton bio made in local ? Ou plutôt s’abstenir d’acheter des T-shirts ? Mais ce que les économistes classiques et les politiques appellent « la croissance » (celle du PIB=Produit Intérieur Brut) dépend du nombre de T-shirts fabriqués, transportés, vendus puis jetés… Cette croissance-là est-elle indispensable à notre bonheur ?


6 - Face à ces problématiques, une autre réaction est à souligner.

Celle de petits groupes (déjà convaincus des dangers actuels) qui choisissent préventivement un mode de vie résilient dont ils supposent qu’il risque d’être très bientôt imposé par un effondrement systémique de notre civilisation. Un cas exemplaire : celui du Hameau des Buis, qui accueille le collapsologue Pablo SERVIGNE et sa famille, en Ardèche. Energie solaire, lac de phyto-épuration, habitat écologique, permaculture et traction animale, produits végan, refus d’acheter en supermarchés, école de type Montessori, toilettes sèches, démocratie directe et gestion communautaire à l’unanimité, monnaie locale, etc

  • Consulter P. RABHI / Vers la sobriété heureuse. 2013.

Ce type de groupe quitte délibérément la sphère « hors sol » de notre société pour se préparer très pratiquement à l’après effondrement de façon résiliente et bienveillante, sur la base de connaissances approfondies de la psycho-sociologie humaine et du milieu naturel. Contrairement aux survivalistes, il se présente comme un havre de salut ouvert à toutes les bonnes volontés qui veulent s’y investir.

  • Consulter P. SERVIGNE / L’entraide, l’autre loi de la jungle. 2017.

  • Agnès SINAI / Petit traité de résilience locale. 2015.

Des limites existent à ce modèle : les besoins que la communauté ne peut combler (médicaments, lunettes, outils de précision, renouvellement des panneaux solaires, etc), la nécessité d’accéder aux moyens modernes de communication, de transport et de soin, la question démographique (les nouveaux villageois doivent tous se connaître et pouvoir se réunir chaque semaine), la menace migratoire (une vague migratoire anéantit facilement ce type de hameau) …


7 - Sans chercher à être exhaustif, une dernière réaction nous parait importante : celle qui consiste à militer dans les innombrables ONG, voire à en fonder une en réponse à une problématique particulière.

  • Consulter C. DION (co-auteur du film DEMAIN) / Petit manuel de résistance contemporaine. 2018.

La raison d’être des ONG est de dénoncer les dégâts écologiques causés par l’Homme, les corruptions politiques, les manipulations démagogiques des populations, le lobbying outrancier des grandes firmes, les dictatures qui persécutent les journalistes d’investigation, l’évasion fiscale, etc… Et de s’organiser stratégiquement pour mobiliser, intervenir directement ou changer les lois et règlementations.

  • Consulter BLOOM Association / Claire NOUVIAN qui a réussi en 2017 à faire voter par l’Europe l’interdiction du chalutage en eaux profondes (+ de 200 m).

S’engager, militer, ou soutenir ceux qui militent, est essentiel.

Il y a beaucoup à faire. Dans tous les domaines.

L’objectif est de provoquer un renversement culturel des valeurs et des priorités par une succession de victoires atteignables.

  • Consulter S. POPOVIC / Comment faire tomber un dictateur quand on est seul, tout petit et sans armes. 2015. / consultant serbe en Révolution, à l’origine de la chute de Milosevic, élu député par la suite.

Notons ici l’arme parfois étonnamment efficace de l’Humour pour lancer des campagnes de vulgarisation et de mobilisation sur des sujets par ailleurs graves et urgents.

  • Consulter Nancy HOUSTON / L’espèce fabulatrice. 2010. / influence déterminante des récits au fondement et à l’évolution des civilisations, pour changer de vocabulaire, d’imaginaire personnel et collectif, et donc de comportement

Par exemple, remplacer « environnement » par « notre maison » !... Cf. le célèbre discours de Jacques CHIRAC : « Notre maison brûle… Et nous regardons ailleurs ».

Mais les ONG ont aussi leurs limites : l’éparpillement dû à la multiplication des enjeux vitaux et des combats à mener, le défaut de mobilisation de masse (à quand 4 millions de Français dans la rue pour limiter le dérèglement climatique, comme pour « Je suis Charlie » ?), le manque de ressources ou le clientélisme des donateurs, l’inégal combat avec les lobbyistes professionnels des multinationales…

GANDHI a dit : « Montrer l’exemple n’est pas la meilleure façon de convaincre. C’est la seule ! »


8 - Pour finir, abordons le thème qui vaut son titre à cet article : la Théorie du Cygne Noir. Ou Théorie des Evénements Cygne Noir, formalisée par le statisticien Nassim Nicholas TALEB. L’expression date de l’écrivain latin JUVENAL : « Un oiseau rare dans son pays, rare comme un cygne noir », car on pensait alors qu’il n’existait pas de cygne noir, toute l’espèce connue dans l’Ancien Monde étant exclusivement constituée de cygnes blancs.

Mais en 1697, l’explorateur allemand Willem de VLAMINGH tombe sur une colonie de cygnes noirs, nageant sur un lac d’Australie Occidentale. Dès lors, la métaphore du Cygne Noir constitue une analogie montrant la fragilité des systèmes de pensée. Rencontrer un cygne noir était théoriquement impossible… pourtant cet événement est devenu réalité et a instantanément changé tout ce qu’on croyait savoir sur la couleur des cygnes. Ce Cygne Noir est l’illustration d’un « biais cognitif » : si on n’observe que des cygnes blancs, on finira par en déduire que tous les cygnes sont blancs.

Ce qui est erroné.

David HUME constate ainsi que conclure définitivement à partir des seuls faits observables (seraient-ils des milliers ou des millions) peut être renversé par un seul fait contraire. Cependant, l’accumulation d’informations qui vont toutes dans le même sens pousse toujours à tirer des conclusions « définitives » … Qui peuvent être soudain infirmées par un « événement Cygne Noir » devenu totalement imprévisible parce que presque totalement improbable ou imaginable. En statistique, on qualifie ces événements rares aux conséquences massives de « données aberrantes », car imprédictibles par les calculs scientifiques classiques. Comment identifier un Cygne Noir ?

- L’événement est une complète surprise pour l’observateur (qu’il en soit bénéficiaire ou victime).

- L’événement a des conséquences majeures qui déterminent radicalement un « Avant » et un « Après ».

- A la suite de cet événement, celui-ci est rationalisé à posteriori, comme s’il avait pu être attendu, car l’observateur recense après coup toutes les informations antérieurement présentes qui auraient permis de le prévoir.

N.N. TALEB examine en 2001 dans « Le hasard sauvage » quelques événements Cygne Noir du XXe siècle : la Première Guerre mondiale, la plupart des inventions scientifiques majeures, la chute du Mur de Berlin, l’ordinateur individuel, le téléphone mobile et… Internet ! On notera ici que l’événement Cygne Noir est indifféremment positif (une révolution qui chasse un tyran), ou négatif (une guerre), ou neutre (Internet = une technologie qui dépend de l’usage qu’on en fait : commerce pédophile du DarkNet… ou promotion d’associations de défense des + faibles, handicapés, enfants, animaux…)

Les chrétiens identifient en Jésus-Christ, incarnation du Dieu Vivant (Matthieu chapitre 16 verset 16), l’archétype du Cygne Noir. Jésus a été annoncé par tous les prophètes du Premier Testament, mais Son propre peuple ne L’a pas reconnu (Jean chapitre 1 verset 5) quand Il est arrivé. Il a cependant radicalement changé la relation à Dieu en faisant entrer le monde dans l’ère de la Grâce. Quand on relit la Bible, il est facile de discerner après coup tous les signes qui ont annoncé le miracle de Sa venue et la portée inouïe de Son œuvre. Il s’agit cependant là de spiritualité, un domaine où l’accès est réservé à la Foi, elle-même don de Dieu par révélation.

Pour en revenir au risque d’effondrement systémique de notre civilisation, et après avoir recensé diverses piste (en lien avec les diverses réactions qui traversent notre société), nous proposons d’éclairer la réflexion à la lumière de la Théorie des Evénements Cygne Noir. Certains spécialistes tel Dennis MEADOWS (peu contestable et d’ailleurs peu contesté) disent qu’il est à présent trop tard pour inverser les tendances qui convergent vers « le mur » de l’effondrement, et notamment trop tard pour accéder à une transition énergétique écologique qui préserverait notre confort occidental.

On peut préférer le déni, comme le fait une large majorité de nos contemporains qui estiment que leur niveau de confort n’est pas négociable et qui mettent le plus souvent leurs espoirs dans l’innovation technologique et le « progrès ». Pour tous ceux-là, c’est l’effondrement de notre civilisation qui risque d’être le Cygne Noir du 21e siècle : pris de court par une cascade d’événements qui détruiront leur mode de vie (crise financière, économique, écologique, sociale, politique, etc.), il ne leur restera que les yeux pour pleurer et de vagues souvenirs qui leur feront dire que tout ça aurait pu être prévu et stoppé à temps…

On peut préférer regarder la réalité en face : nous avons pris l’habitude de vivre dans un monde fini comme s’il était illimité, infini. Et cela va logiquement rencontrer ses limites et sa fin, d’autant plus probablement que les processus de surexploitation et de pollution de notre planète sont actuellement en pleine accélération (croissance exponentielle + loi de l’Entropie).

L’humanité avait pourtant été avertie dès l’origine. On peut manger de tout, mais pas tout manger, et pas n’importe comment ! La mission d’origine, dans un contexte alimentaire végétarien, était de cultiver et garder le jardin de Dieu (Genèse chapitre 2 versets 15-17). Pas de le traiter comme une ressource (un stock !) à exploiter sans respect ni sagesse.

Les statisticiens disent cependant que, bien que les systèmes complexes (comme notre société où presque personne ne peut survivre sans hyper-marché, sans voiture, sans eau potable au robinet, etc.) soient fragiles et vulnérables aux crises, ces systèmes étant géographiquement étendus, ils résistent toujours un peu plus longtemps que prévu à l’effondrement.

La décennie 2020-30 va être celle de tous les dangers. Mais les processus peuvent aussi s’étaler sur les décennies suivantes 2040-50- 60. Le « prophète » qui donnera la date exacte de fin de notre monde sera probablement tombé dessus par hasard, tellement les rétroactions du système sont complexes dans leurs conséquences et imprévisibles dans leur ampleur.

Les bouleversements climatiques en cours (réchauffement dû aux GES, perturbation du cycle planétaire de l’eau) accroissent encore les difficultés prévisionnelles. Pour ceux qui sont conscients de la gravité de la situation et qui gardent les yeux ouverts, au-delà des combats du quotidien (gestes écologiques, militantisme associatif, mode de vie résilient, etc.), il reste un espoir : l’advenue d’un événement Cygne Noir qui réorienterait radicalement les désastreux processus en cours et éviterait l’effondrement systémique.

D’aucuns se battent chaque jour pratiquement contre la réalité des chiffres et des faits avec un estimable courage. D’autres prient avec persévérance. L’un n’excluant pas l’autre, car il y a bien des manières de s’engager au service du Bien, du Beau et du Bon… et d’en connaitre les limites et les victoires. Sur cette voie et dans ce combat, le Cygne Noir a été choisi comme symbole et logo par la chaine YouTube THINKERVIEW.

Mais chacun a la responsabilité de s’efforcer de lire les signes des temps et de travailler au salut de tous les êtres vivants de notre belle planète.

Matthieu chapitre 16 versets 2-3 : 2 Jésus leur dit : Le soir, vous dites : Il fera beau demain, car le ciel est rouge. Et le matin : 3 il y aura de l`orage aujourd`hui, car le ciel est d’un violet sombre... Vous savez discerner l`aspect du ciel, mais vous êtes incapables de discerner les signes des temps !

Que Dieu nous soit en aide et nous donne le Cygne Noir qui pourrait renverser le courant de destruction qui nous emporte tous à ce jour !

Restons donc en éveil.


Hélène HAN KWAN


コメント


bottom of page