Au fur-et-à-mesure que j’étudie l’histoire du Christianisme en parallèle avec celle du peuple de Dieu, tant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament, je suis de plus en plus convaincu de la pertinence de la doctrine du reste que l’on retrouve dans toute l’Écriture. Pour faire simple, la doctrine du reste est la croyance selon laquelle une minorité d’individus seulement appartiennent à Dieu et seront sauvés. Une telle affirmation scandalise les chrétiens qui refusent de croire que Dieu se contenterait de sauver un faible pourcentage de la population mondiale. Ils sont persuadés que Dieu aime tellement l’humanité, qu’il sauvera la majorité des êtres humains, et que seule « une poignée d’irréductibles pécheurs rebelles » refuseront l’offre de la grâce et seront perdus. Mais est-ce vraiment le cas ? Dieu va-t-il envoyer un « grand réveil mondial » qui aura pour résultat la conversion et le salut d’une multitude avant la seconde venue de Christ ? Pour répondre à cette question, deux points doivent être gardés en mémoire.
1. L’apostasie générale
Le premier, c’est que contrairement à ce que proclament aujourd’hui les porte-paroles du mouvement apostolique et prophétique, la seconde venue de Christ ne sera pas précédée d’un grand réveil spirituel mais d’une apostasie générale qui ne fera que renforcer l’antagonisme de l’humanité vis-à-vis de Dieu et de l’Evangile. Dois-je rappeler que l’apostasie désigne l’éloignement ou l’abandon de la foi ? Alors que les croyants de Thessalonique s’inquiétaient de ce que le retour de Christ ait déjà eu lieu, Paul leur dit dans 2 Th 2.3 : Que personne ne vous séduise d'aucune manière ; car il faut que l'apostasie soit arrivée auparavant, et qu'on ait vu paraître l'homme du péché, le fils de la perdition. L’apôtre leur rappelle que deux choses doivent se produire avant que le Fils de Dieu ne revienne : l’apostasie et l’émergence de l’antichrist qu’il nomme le fils de la perdition.
Plusieurs annoncent que le réveil va bientôt venir sur tout l’espace francophone, que la France va être sauvée et que des milliers de personnes vont se joindre aux églises françaises. Mais ce genre de déclaration est dénuée de sens car Dieu n’a jamais promis de sauver la France ou tout autre pays. C’est une vérité qu’il faut intégrer pour ne pas se laisser séduire par les pseudo-prophètes : Dieu ne sauve aucun pays, il ne sauve que des individus à l’intérieur des nations ! La seule nation qui connaîtra un salut national c’est Israël lorsque Jésus reviendra pour y instaurer son royaume, mais à part elle, aucune autre nation ne sera l’objet du salut divin. Il faut être profondément ignorant des voies de Dieu pour s’accrocher au fantasme du salut de la France. Ce qui caractérise le monde actuel, ce ne sont pas les réveils spirituels, mais c’est l’abandon massif de tout ce qui se rapporte à la foi qui sauve, ainsi que le dénigrement de plus en plus agressif des valeurs chrétiennes et du message biblique.
2. La culpabilité du Christianisme
Le second point, c’est que cette apostasie affectera également une large partie du Christianisme qui choisit de se compromettre avec le siècle présent plutôt que de rester fidèle à la vérité de l’Evangile. En effet, la sphère chrétienne est en train de connaître une inquiétante défection de la foi apostolique comme jamais auparavant. Paul l’exprime de cette façon dans 1 T 4.1 : Mais l'Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, quelques-uns abandonneront la foi, pour s'attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines de démons. Il ne parle pas ici du monde non chrétien, mais des croyants eux-mêmes qui abandonneront la foi. En d’autres termes, l’apostasie touchera une partie de l’Eglise visible, et tout porte à croire que ce sera probablement une large majorité. Comprenez-vous ce que cela implique ? De deux choses l’une : ou nous avons notre propre avis sur ce qui va se passer, ou nous acceptons le verdict du Seigneur lui-même ?
Force est de constater que de plus en plus de croyants aujourd’hui se détournent, consciemment ou pas, de ce que Dieu dit pour se forger une opinion personnelle sur ce qu’ils pensent être la volonté divine. Plutôt que d’examiner scrupuleusement les Écritures, beaucoup acceptent naïvement les fausses prophéties sur les réveils qui sont sensés venir sur le monde entier, donc aussi sur la francophonie. Or, que dit Jésus dans Lu 18.8 : Mais, quand le Fils de l'homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? Il est clair que la question du Seigneur suggère qu’à sa seconde venue la foi sera une denrée rare sur la terre, à l’instar de la période de Noé qui connut le déluge. C’est probablement la raison pour laquelle Jésus déclare dans Lu 17.26 : Ce qui arriva du temps de Noé arrivera de même aux jours du Fils de l'homme. Souvenons-nous que personne n’a cru à l’avertissement de Noé concernant le déluge à venir, si bien que seul un petit nombre de personnes, c'est-à-dire huit, furent sauvées à travers l'eau, nous dit 1 P 3.20. N’y a-t-il pas ici une allusion au salut d’un reste, et non de la multitude ?
3. L’état final de l’Église
Les paroles de Jésus dans Lu 18.8 nous amènent à nous interroger sur l’état final de l’Église sur la terre au moment du retour de Jésus. Ne perdons pas de vue que l’Ancien Testament est un triste récit de l’échec continu et répété d’Israël malgré l’amour, la patience et la miséricorde de Dieu. Probablement par idéalisme, nous nous attendons à ce que l’Église réussisse là où Israël a échoué. Nous pensons que le Christianisme constitue une force qui rend impossible la descente vers l’apostasie de l’Eglise institutionalisée. Bien sûr, les promesses de Dieu et les dispositions prises sous la Nouvelle Alliance sont plus fortes et plus puissantes que celles données à Israël sous l’Ancienne Alliance, mais malgré cela, la fin de l’ère de l’Église prédite dans le Nouveau Testament se soldera par un échec. Seul un « reste » sera sauvé au sein de la chrétienté professante, tout comme ce fut le cas pour Israël. Malheureusement, la majorité des chrétiens de nom qui se disent pratiquants, voire même qui manifestent des charismes, seront rejetés par le Seigneur selon Mt 7.21-23 :
Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! n'entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Plusieurs me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophétisé par ton nom ? n'avons-nous pas chassé des démons par ton nom ? et n'avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom ? Alors je leur dirai ouvertement : Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité.
4. La Nouvelle Réforme Apostolique
Il y a de nombreux faux enseignements qui se répandent dans les milieux chrétiens, mais un des plus pernicieux c’est celui qui concerne « Le Mandat des Sept Montagnes ». En avez-vous entendu parler ? Si votre église ou votre pasteur a une quelconque affinité avec la Nouvelle Réforme Apostolique et ses dirigeants, tels que Bill Johnson et Kris Vallotton de l’église Bethel en Californie, ou John et Carol Arnott de l’organisation « Catch the Fire » au Canada, pour ne citer que ceux-là, vous finirez un jour ou l’autre par en entendre parler. Permettez-moi de vous en dire quelques mots, car ce phénomène est certainement un des plus grave danger auquel est confronté le Christianisme contemporain. Il est important d’en avoir connaissance, car on peut le tolérer sans s’en rendre compte, et se rendre ainsi coupable d’un péché sévèrement condamné par le Seigneur.
Tout d’abord qu’est-ce que la Nouvelle Réforme Apostolique ? Il s’agit d’un courant charismatique qui met l’accent plutôt sur l’expérience, le mysticisme et les « apôtres » modernes que sur la Bible et ses doctrines historiques. La Nouvelle Réforme Apostolique se distingue notamment par le rôle et l’autorité quasi absolue de ses responsables spirituels, c’est-à-dire des apôtres et des prophètes qui prétendent accomplir des miracles et recevoir de nouvelles révélations de la part de Dieu pour conduire l’Eglise dans ses soi-disant phases de restauration. Une importance excessive est accordée au combat spirituel dans les lieux célestes contre des esprits territoriaux, ainsi qu’à la quête de contrôle culturel et politique dans la société. C’est justement cette quête de contrôle qui a donné naissance au « Mandat des Sept Montagnes ». Retenez bien cette expression : si elle ressort dans une prédication, vous pouvez être sûr que vous êtes exposé à une des hérésies les plus pernicieuses de notre époque. De quoi s’agit-il exactement ?
5. Le Mandat des Sept Montagnes
« Le Mandat des Sept Montagnes » est la conséquence directe de la théologie du « dominionisme » qui consiste à promouvoir « la domination des chrétiens dans le monde ». Cette dernière expression à elle seule devrait suffire pour vous convaincre que nous sommes ici en présence d’une fausse doctrine. Depuis quand les chrétiens doivent-ils dominer le monde ? D’où vient cette théorie ? Certainement pas de la Bible dans laquelle nous pouvons lire cette déclaration de Jésus dans Jn 18.36 : Mon royaume n'est pas de ce monde. Selon le « dominionisme », lorsque Jésus est venu il y a deux mille ans, il a amené le Royaume de Dieu avec lui et il attend des chrétiens qu’ils prennent possession du monde en l’enlevant des mains de Satan. Ils doivent ainsi amener la paix et la prospérité dans le monde, ce qui accélèrera la seconde venue de Jésus. Il s’agit donc pour les chrétiens de reprendre la direction du monde avec autorité, afin que Christ puisse revenir pour être couronné. Cette conquête de la direction trouve son expression dans la prise de pouvoir des chrétiens sur les sept domaines suivants : 1) L'éducation ; 2) La religion ; 3) La famille ; 4) Les affaires ; 5) Le gouvernement ; 6) Les arts et 7) Les médias.
Les adeptes du « Mandat des Sept Montagnes » estiment que la meilleure façon pour l'Église d’évangéliser le monde, c’est d'apporter des changements dans ces sept principales sphères d'influence de la société. Ces dernières sont censées modeler la façon dont chacun pense et se comporte, donc pour étendre le royaume de Dieu et envahir la culture, ces sept secteurs de la société doivent passer sous le contrôle des chrétiens. Il y aurait de nombreuses explications à donner sur cette hérésie, mais ce n’est pas le sujet de cette étude. Tout ce que je souhaite, c’est de vous sensibiliser sur les graves dérives que connaît aujourd’hui le Christianisme. Un point important que je n’ai pas abordé, mais qu’il est nécessaire de souligner, c’est que la Nouvelle Réforme Apostolique travaille par l’intermédiaire des réseaux. Cela signifie qu’il n’est pas indispensable que votre pasteur ou votre église soit en lien direct avec, par exemple, Bill Johnson de l’église Bethel en Californie. Il suffit simplement qu’une connexion existe avec un des nombreux réseaux inconnus du mouvement pour que les fausses doctrines véhiculées par la Nouvelle Réforme Apostolique étendent ses filets sur vous.
6. L’Eglise apostate
Ces réseaux existent bien évidemment dans la francophonie, et il y a un signe qui permet de les reconnaître. Si votre église est exposée au ministère d’individus (hommes ou femmes) portant les titres d’apôtres ou de prophètes, vous êtes, sans le savoir, sous le contrôle de la Nouvelle Réforme Apostolique et de ses nombreuses hérésies. Et je n’ai qu’un conseil à vous donner : fuyez le plus rapidement possible ! Savez-vous qu’un des textes bibliques utilisé par la Nouvelle Réforme Apostolique pour justifier le « Mandat des Sept Montagnes » c’est un verset dans le chapitre dix-sept de l’Apocalypse ? Au v.3 l’apôtre Jean déclare : Il me transporta en esprit dans un désert. Et je vis une femme assise sur une bête écarlate, pleine de noms de blasphème, ayant sept têtes et dix cornes. Puis au v.9 il ajoute : C'est ici l'intelligence qui a de la sagesse. Les sept têtes sont sept montagnes, sur lesquelles la femme est assise. C’est précisément sur ce v.9 que repose la doctrine du « Mandat des Sept Montagnes ». C’est incroyable qu’une doctrine servant à décrire l’Eglise conquérante soit construite à partir d’un verset désignant un pouvoir maléfique, car il y est question de la grande prostituée qui symbolise le pouvoir religieux de la fin des temps (Cf. le v.1-2) ! Je laisse à chacun tirer les conclusions qui s’imposent…
Le théologien John W. Walvoord, du Séminaire Théologique de Dallas, a dit ceci : « L'idée que l'Évangile soumettrait progressivement les peuples du monde et les amènerait finalement aux pieds du Christ est contredite à la fois par les Écritures et par l'histoire. Le résultat a été le déclin rapide, au cours du vingtième siècle, de l'optimisme concernant le triomphe de l'Église. Une étude des prophéties bibliques relatives aux tendances spirituelles de l'époque actuelle aurait dû montrer clairement que celle-ci se terminera par l'apostasie et le jugement divin plutôt que par la victoire de la cause du Christ grâce au triomphe de l'Eglise ». Il donne ensuite une série de référence bibliques telles que : Matthieu 24.4-26 ; 2 Thessaloniciens 2.1-12 ; 1 Timothée 4.1-3 ; 2 Timothée 3.1-9 ; 2 Timothée 4.3-4 ; 2 Pierre 2.1-22 ; Jude 3-19 ; Apocalypse 3.14-16 et Apocalypse 13.4-8, pour ne citer que celles-là. Puis, John W. Walvoord ajoute : « Un examen de ces passages majeurs révélera que le développement de l'apostasie se fera en trois étapes : (1) l'apostasie doctrinale et morale dans l'église avant l'enlèvement, c'est-à-dire pendant les derniers jours de la véritable église sur terre ; (2) l'apostasie dans l'église professante après le départ de la véritable église, c'est-à-dire dans la période qui suit immédiatement l'enlèvement, (3) l'apostasie finale au cours de laquelle l'Église de professants sera détruite et où sera inauguré le culte de la bête ».
7. Les loups ravisseurs
Peut-être voudriez-vous m’accusez d’exagération ou de défaitisme car le tableau dressé vous semble bien noir ? Lisez toutes les références données par John W. Walvoord dans la citation précédente, et vous verrez bien si j’exagère. Relisez attentivement les paraboles de Matthieu treize, et vous verrez bien si je suis défaitiste. Un manque de prise de conscience empêche un grand nombre de croyants de voir ce qui se passe réellement dans la sphère chrétienne. Nous sommes actuellement dans la première étape du développement de l’apostasie dont a parlé John W. Walvoord, et nous nous rapprochons dangereusement de la troisième étape. Chrétiens, réveillez-vous et soyez plus que jamais prudents et vigilants ! Vérifiez la conformité des doctrines et des pratiques de votre église à la Parole de Dieu. Fuyez les pseudos apôtres et les pseudos prophètes, car voici la description imagée que le Seigneur fait d’eux dans Ez 22.25-27 :
Ses prophètes conspirent au milieu d’elle. Pareils à des lions rugissants qui déchirent leur proie, ils dévorent des vies, ils s’emparent des richesses et de biens précieux, ils multiplient les veuves au milieu d’elle. Ses prêtres font violence à ma loi et profanent ce qui m’est consacré. Ils ne distinguent pas ce qui est saint de ce qui est profane, ils ne font pas connaître la différence entre ce qui est impur et ce qui est pur, ils ferment les yeux sur mes sabbats et je suis déshonoré au milieu d’eux. Ses chefs sont, à l’intérieur d’elle, pareils à des loups qui déchirent leur proie : ils versent le sang, ils font disparaître des vies afin de faire des profits malhonnêtes.
Si vous êtes honnête avec vous-mêmes, reconnaissez que l’appât du gain, la soif de domination, le compromis avec l’esprit du monde et le désintérêt pour les brebis du Seigneur, caractérisent ceux qui se disent apôtre et prophètes dans vos églises ! Ce sont les loups ravisseurs en vêtement de brebis dont parle Jésus dans Mt 7.15. Ils ne font pas partie du reste, quels que soient leurs charismes. Et si vous les suivez et vous soumettez à eux, vous non plus vous ne faites pas partie du reste. Ou vous suivez Jésus, ou vous suivez les pseudo-apôtres et les pseudo-prophètes. Il n’y a plus ni apôtres ni de prophètes tel qu’il en existait dans le livre des Actes des Apôtres. Ils ont posé les fondements de l’Eglise, fondements qui sont contenus dans les épîtres du Nouveau Testament, et ils ont terminé l’accomplissement de leur mission dès la fin du 1er siècle. Ils ne sont plus présents dans l’Eglise aujourd’hui. Croire qu’ils sont là et qu’ils peuvent apporter une dimension manquante à l’Eglise, c’est aller au-delà de ce qui est écrit et prétendre que le Seigneur s’est trompé. Si vous voulez courir ce risque, libre à vous, mais ne vous étonnez pas d’être exclu du reste que Dieu s’est réservé selon ce que l’apôtre Paul déclare dans les deux textes suivants :
Ro 9.27 : Un reste seulement sera sauvé.
Ro 11.5 : De même aussi dans le temps présent il y a un reste, selon l'élection de la grâce.
Je conclurai mon propos par cet avertissement doublé d’une exhortation du même apôtre Paul dans 2 Ti 2.19 : Néanmoins, le solide fondement de Dieu reste debout, avec ces paroles qui lui servent de sceau : Le Seigneur connaît ceux qui lui appartiennent ; et : Quiconque prononce le nom du Seigneur, qu'il s'éloigne de l'iniquité. Si nous invoquons le nom du Seigneur, choisissons notre camp : avec le reste qui sera sauvé, ou avec les systèmes hérétiques déjà jugés et condamnés par Dieu ? Que chacun examine attentivement ses voies afin de faire le bon choix. Que le Seigneur vous bénisse !
A bientôt…
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