DIEU A-T-IL LIVRÉ JOB A SATAN ?

Si vous n’avez jamais lu le livre de Job, c’est une excellente occasion de le faire, mais je tiens à vous prévenir : il n’est pas simple... La raison de sa difficulté est due au fait qu’il appartient à un genre littéraire particulier de la Bible : la sagesse hébraïque (c’est la même chose pour Proverbes et l’Ecclésiaste). L’objectif de cet article n’est toutefois pas de vous présenter intégralement le livre de Job, mais de répondre à cette question : Dieu a-t-il livré Job à Satan ? Elle est suscitée par cet inquiétant passage dans Job 2.3-6 :

3 L'Éternel dit à Satan : As-tu remarqué mon serviteur Job ? Il n'y a personne comme lui sur la terre ; c'est un homme intègre et droit, craignant Dieu, et se détournant du mal. Il demeure ferme dans son intégrité, et tu m'excites à le perdre sans motif.

4 Et Satan répondit à l'Éternel : Peau pour peau ! tout ce que possède un homme, il le donne pour sa vie.

5 Mais étends ta main, touche à ses os et à sa chair, et je suis sûr qu'il te maudit en face.

6 L'Éternel dit à Satan : Voici, je te le livre : seulement, épargne sa vie.

C’est évidemment le v.6 qui est à l’origine de notre question. Il semble que nous assistons dans ce texte à un étrange accord entre Dieu et Satan. Ce dernier propose d’affliger à Job une épreuve physique, afin de prouver qu’il n’est pas si attaché que cela à Dieu. Satan croit qu’en soumettant Job à la souffrance, celui-ci ne manquerait pas de maudire Dieu. Et contre toute attente, Dieu accepte : Voici, je te le livre...

Dieu est totalement bon. Satan est totalement mauvais. C'est une profonde révélation, mais quelques-uns en doutent. Ils pensent qu'un Dieu bon fait de mauvaises choses, et que parfois il emploie même le diable pour faire le travail à sa place. Prenez le sujet de la maladie, par exemple. Lorsque nous tombons malades, il est naturel de se demander comment cela a pu se produire alors que nous faisons de notre mieux pour vivre correctement, tant du point de vue naturel que spirituel ?

Nous nous nourrissons sobrement, nous faisons du sport, nous évitons les excès, nous prions, lisons notre Bible, allons régulièrement à l’église, et croyons en Dieu de tout notre cœur, mais voilà que cette maladie a eu raison de nous... Après nous être assurés que nous avons tout fait comme il faut, que nous n’avons pas commis d’erreur grave, surgit la question : Dieu me punit-il pour un péché que j’ignore ?

Cette dernière question est insensée, pourtant beaucoup pensent que c'est ainsi que Dieu opère. Quand la maladie survient, ils croient que Dieu l'a envoyée pour d’obscures raisons. Les questions peuvent alors s’enchaîner : Pourquoi suis-je malade ? Dieu essaye-t-il de m'apprendre quelque chose ? Il y-a-t-il un interdit dans ma vie ? Etc. Or, dans les évangiles, nous voyons que Jésus n'a jamais rendu personne malade, au contraire, il guérissait les malades, qu’ils soient bons ou mauvais. Si nous devions blâmer quelqu'un pour nos afflictions, c’est bien le diable, et non Dieu...

Ac 10.38 : Vous savez comment Dieu a oint du Saint Esprit et de force Jésus de Nazareth, qui allait de lieu en lieu faisant du bien et guérissant tous ceux qui étaient sous l'empire du diable, car Dieu était avec lui.

Vous êtes d’accord pour admettre que, selon ce verset, Jésus fait du bien, et le diable fait du mal ? Jésus guérit ceux que le diable – pas Dieu, mais le diable – rend malades. C’est bien ce qui est écrit ici, n’est-ce pas ? Alors quelqu’un dira : « Oui, mais Dieu n'a-t-il pas livré Job à Satan ? Dieu n'a-t-il pas donné à Satan la permission d'affliger Job d’une douloureuse maladie ? » Et d'où vient cette idée scandaleuse ? Elle vient de ce texte de Job que nous avons cité plus haut : L'Éternel dit à Satan : Voici, je te le livre : seulement, épargne sa vie. Cependant, ce passage intrigant soulève deux questions :

1. Qui a affligé Job ?

Il n’y a aucune ambiguïté : c’est Satan ! Je précise au cas où vous auriez du mal à le saisir : ce n’est pas Dieu qui a affligé Job, mais c’est Satan. Comment le savons-nous ? Nous le savons parce que la suite du récit l’affirme clairement : Et Satan se retira de devant la face de l'Éternel. Puis il frappa Job d'un ulcère malin, depuis la plante du pied jusqu'au sommet de la tête. (2.7) Le « il » devant « frappa », c’est « Satan » qui, après avoir terminé son entretien avec Dieu, s’en est pris directement à Job.

Nous traitons ici d’une théologie de niveau élémentaire que des enfants comprennent sans problème, mais que beaucoup d'adultes ne saisissent pas. Ils arrêtent de lire au verset six et concluent que Dieu a frappé Job en le rendant malade. Ils pensent que Dieu a volé la santé de Job, mais c’est faux ! C’est Satan le voleur, pas Dieu (Cf. Jn 10.10). Sa ruse consiste à nous voler, puis à nous faire blâmer Dieu pour la perte que nous avons subie.

Regardez ce que Satan a osé dire à Dieu au v.5 : Mais étends ta main, touche à ses os et à sa chair. Pensait-il qu'il pouvait manipuler le Seigneur et l’amener à s’en prendre à Job ? Je ne le crois pas. Satan est le père du mensonge (Cf. Jn 8.44). Son but est de nous tromper. Il nous dit que Dieu nous afflige, et souffle à notre esprit : « Regarde, il y a un texte dans la Bible qui le confirme : Mais étends ta main, touche à ses os et à sa chair. Tu le vois bien, c’est écrit dans Job 2.5 ! Et tu sais combien ce pauvre Job a souffert... »

« Mais étends ta main, touche à ses os et à sa chair. » Ce ne sont pas les paroles vivifiantes de Jésus. Ce sont les paroles mortelles du diable. Si vous pensez que Dieu est à l’origine de votre maladie, d’une certaine façon, vous témoignez de votre accord avec Satan et vous validez son mensonge. Je ne dis pas ça pour vous effrayer, mais pour vous faire prendre conscience de la facilité avec laquelle le diable peut déguiser un hideux mensonge en vérité. Soyons vigilants. N’oublions pas que le diable est tellement menteur, que toute vérité devient un mensonge cynique dans sa bouche...

Alors quelqu’un objectera : « D'accord, si Dieu n'a pas rendu Job malade, il a quand donné sa permission, n'est-ce pas ? » Cela nous amène à notre deuxième question, qui constitue le cœur de notre propos dans cet article.

2. Dieu a-t-il livré Job à Satan ?

Non, non et mille fois non ! Satan n'est pas le chien de berger de Dieu, envoyé pour nous garder sur la bonne voie. Non, absolument pas ! Satan est un intrigant, un comploteur malin qui ne peut réussir que lorsque nous tombons dans le piège de ses mensonges. Et voici l’un de ses pires mensonges : quand Dieu dit au diable dans Job 2.6 : Voici, je te le livre, il lui donne la permission de l’affliger ! Mais est-ce vraiment le cas ? Est-ce que Dieu livre Job entre les mains de Satan ? Si on oublie la révélation entière de la Bible, ou est tenté de répondre « oui » à cette question, mais ce serait faire fausse route...

Ecoutez bien ceci : lorsque le Seigneur dit : « Voici, je te le livre », il ne donne pas une permission mais il énonce un fait. Relisez cette déclaration encore une fois : Dieu ne donne pas une permission mais il énonce un fait. Qu’est-ce que ça veut dire ? Eh bien tout simplement qu’il y a une réalité à laquelle Job ne peut pas se soustraire, sauf si Dieu intervient souverainement. Et cette réalité est souligné par 1 Jn 5.19 : Le monde entier est sous la puissance du malin. Job était inclus dans cette expression « le monde entier » ...

A l’origine, Dieu a donné à l’humanité une magnifique planète, pleine de vie et de bénédictions. Mais le premier homme, Adam, s’est soumis aux mensonges du diable et a, de ce fait, ouvert la porte à la maladie et à la mort, non seulement sur lui, mais sur toute sa descendance. Ces choses sont devenues naturelles sur la terre. Job est né et a vécu dans un environnement pollué et infesté par la souffrance et la destruction. Quand Dieu dit à satan « Voici, je te le livre », il énonce un triste fait : Job est déjà sous la puissance du diable. En d’autres termes, Dieu ne fait rien de nouveau, il ne crée pas une situation inédite, il ne change rien dans la vie de Job, il annonce juste ce qui est.

Dieu n'a donc pas livré Job à Satan. Bien au contraire, après avoir dit au diable : Voici, je te le livre, il a immédiatement ajouté : seulement, épargne sa vie (v.6). Le livre se termine aussi par cette merveilleuse déclaration : L'Éternel rétablit Job dans son premier état (42.10). En réalité, Dieu a sauvé la vie de Job, non seulement en interdisant à Satan de le tuer, mais aussi en mettant un terme à son affliction. Mais ce n’est pas tout ! Le v.12 déclare : Pendant ses dernières années, Job reçut de l'Éternel plus de bénédictions qu'il n'en avait reçu dans les premières. Dieu a surabondamment bénit Job, puis il a mis son histoire dans la Bible afin que nous ne soyons pas ignorants des stratégies de Satan, le père du mensonge. Je voudrais conclure cet article par la réflexion suivante.

Comment ne pas lire l'histoire de Job

Le diable veut que vous pensiez que Job était en fait un homme irréprochable que Dieu a affligé sans aucune raison. Mais la vérité est que Job était un homme imparfait qui a traversé des moments difficiles, tout comme chacun d'entre nous. Dans ses épreuves, Job s'est égaré. Il a cédé aux mensonges du diable en croyant que Dieu était là pour lui faire du mal. Cette mauvaise pensée a rendu Job amer et suicidaire, et pendant un moment, Satan a semblé avoir gagné la partie.

La même chose peut nous arriver chaque fois que nous succombons aux mensonges du diable. Si vous pensez que Dieu est derrière votre maladie, ce mensonge vous rendra encore plus malade. Si vous pensez que Dieu veut vous faire du mal pour des raisons inconnues, vous risquez de vous sentir misérable et amer comme Job. Mais l'histoire de Job s'est bien terminée. Ce que Satan voulait dire pour mal représenter Dieu, le Seigneur l'a utilisé pour le bien parce que c'est ce que fait notre Père céleste. Il nous sauve et nous rachète. Il intervient dans notre vie et déverse sa faveur sur nous parce qu'il nous aime et ne nous laissera pas entrer tranquillement dans la tromperie du diable.

Pourtant, il y a encore plus dans cette histoire qu'une fin heureuse : il y a un nouvel homme ! Regardez ce que Job confesse après son épreuve : Mon oreille avait entendu parler de toi ; Mais maintenant mon œil t'a vu (Job 42.5). Job est sorti transformé de l’affliction que lui avait imposé Satan, parce que le Seigneur s’en est servi pour sa gloire. Avez-vous remarqué comment Dieu désignait le Job imparfait et pleurnichard ? Il disait de lui : « homme intègre et droit ». C'est cela la grâce. Dieu ne nous juge pas tels que nous sommes. Au lieu de cela, il nous appelle à notre destinée éternelle et nous invite à marcher dans l'identité qu'il nous fournit.

Vous pouvez être brisé, mais Dieu dit que vous êtes bénis (Cf. Ep 1.3). Vous êtes peut-être un pécheur, mais Dieu dit que vous êtes justes (Cf. Ro 5.19). Vous pouvez être rejeté, mais Dieu dit que, par Christ, vous êtes accueillis (Cf. Ro 15.7). Alors voici le choix qui est devant vous : vous pouvez écouter les mensonges du diable et penser que Dieu est là pour vous affliger. Ou vous pouvez écouter la voix de votre Père qui désire vous donner un nouveau nom et une nouvelle vie. Il a fallu du temps à Job pour apprendre cela. Mais plus tôt nous réalisons que Dieu est pour nous et non contre nous, plus tôt nous nous élèverons en vainqueurs dans n'importe quelle épreuve à laquelle nous pourrions être confrontés.

A bientôt...