Le Sermon sur la Montagne, que nous trouvons dans les chapitres cinq à sept de l’évangile selon Matthieu, contient un verset qui continue d’effrayer de nombreux chrétiens. En effet, Jésus déclare dans Matthieu 5.48 : Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait. Avouez qu’il y a de quoi avoir peur ! Comment pouvons-nous prétendre à la perfection, et surtout être parfait comme l’est notre Père céleste ? Tant d'explications nous ont été proposées pour ce verset et tant de types de perfection nous ont été imposés, que nous pouvons vraiment nous sentir perplexes devant cette déclaration du Seigneur. Laissez-moi vous en présenter quelques-unes, avant de vous dire comment nous pouvons mettre en pratique cette déclaration de Jésus.
La perfection absolue
Tout d’abord, il y a ceux qui croient que ce passage appelle à une perfection sans faille de l'esprit, de l'âme et du corps. Certains ont adhéré à cette croyance et, vivant dans l’illusion qu’ils ont atteint une perfection quasi absolue, sont non seulement désireux de parler à tout le monde de leurs réalisations personnelles, mais prétendent aussi montrer la voie vers leur pseudo-perfection. D'autres, qui croient à cette même interprétation, se sont sentis impuissants et désespérés quant à leurs chances d'atteindre avec succès le standard tellement élevé que, selon eux, fixe ce verset. La croyance que nous pouvons et devons atteindre ici et maintenant la perfection absolue, a pour conséquence soit de produire un faux sentiment de fierté dans nos prétendues accomplissements spirituels, soit de produire de la frustration parce que nous ne manquerons pas de réaliser que la perfection absolue est impossible à atteindre ici-bas. Il va sans dire que Matthieu 5.48 ne parle pas de perfection absolue.
Tendre vers la maturité
D'autres personnes disent que la clé de la signification de ce verset réside dans la compréhension du sens exact de son mot principal, à savoir : parfait. Certains de ceux qui suivent cette approche soulignent que le mot grec traduit par « parfait » dans nos Bibles françaises, désigne selon toute probabilité quelque chose qui s’apparente davantage à la maturité qu’à la perfection. Ils comprennent donc que le verset nous appelle à nous efforcer de grandir vers la maturité qui caractérise la vie du chrétien spirituellement régénéré et désireux de plaire à son Père céleste. C’est cette même vérité que nous trouvons dans Hébreux 6.1 : C'est pourquoi, laissant les éléments de la parole de Christ, tendons à ce qui est parfait. Le mot grec pour « parfait » signifie complétude, maturité et point culminant. Il est donc question de croissance vers la maturité et non de perfection absolue.
Une bienveillance sans jugement
Une autre façon encore d'aborder ce verset, c’est de le considérer à la lumière de son contexte, c’est-à-dire de Matthieu 5.43-47 où Jésus dit : Vous avez appris qu'il a été dit : Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains aussi n'agissent-ils pas de même ? Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d'extraordinaire ? Les païens aussi n'agissent-ils pas de même ?
Nous devons souligner le mode de vie auquel le Maître appelle ses disciples dans ce passage. Il leur dit que pour devenir « fils de votre Père qui est dans les cieux », ils devraient avoir pour leurs ennemis le type d'amour qui caractérise Dieu. En d'autres termes, ils devraient les voir comme Dieu les voit, ils devraient les considérer comme de potentiels enfants de Dieu. Ensuite, Jésus précise que le soleil de Dieu se lève sur les méchants comme sur les bons, et que la pluie de Dieu tombe autant sur les justes que sur les injustes. Puis il leur pose deux questions : Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d'extraordinaire ? Jésus indique par ces questions que ce genre d’attitudes se retrouve chez tout le monde, qu’elles n’ont rien de spécial.
Mais il veut aussi leur montrer que ses disciples ne doivent pas se limiter à ces attitudes communes, alors il ajoute ces deux autres questions : Les publicains aussi n'agissent-ils pas de même ? Les païens aussi n'agissent-ils pas de même ? Ces versets semblent dire que c'est dans cette façon de montrer de la bienveillance et de traiter avec amour ceux que nous aurions tendance à rejeter et à mépriser, que réside la perfection de Dieu, car juste après, vient le v.48 : Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait. En parlant ainsi, Jésus nous invite à suivre l’exemple de notre Père céleste, en montrant un soin désintéressé pour les autres et en faisant preuve de maturité dans notre façon de leur manifester de la bienveillance sans jugement.
La perfection par la foi
Une autre idée concernant la perfection de Matthieu 5.48 pourrait être qualifiée de « perfection par la foi ». Selon cette compréhension de la perfection, il est question de faire reposer notre soif spirituelle de perfection sur 1 Jean 1.9 : Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité. Lorsque, en harmonie avec ce verset, nous confessons nos péchés, Dieu nous pardonne instantanément et nous purifie parce qu'il a promis de le faire. Donc, quand nous confessons nos péchés, nous pouvons être assurés que toutes nos fautes répertoriées dans les registres du ciel sont immédiatement effacées, et que Dieu nous considère comme si nous n'avions jamais commis les péchés qui y étaient inscrits. Le résultat est que nous sommes parfaits à ses yeux, mais nous le sommes par la foi. De quelle foi s’agit-il ? De la foi que la justice parfaite de Christ nous a été créditée, et que nous sommes aussi justes que peut l’être notre Seigneur. Nous maintenons cet état de perfection de la même manière que nous l'acquérons : en nous repentant et en recherchant le pardon de Dieu pour la purification de tous nos péchés, par la foi dans l’œuvre rédemptrice de Jésus.
La promesse de la perfection
Et enfin, il existe une autre explication pour la déclaration de Jésus dans Matthieu 5.48. Nous pouvons l’appeler « la promesse de la perfection ». L'approche du texte que nous considérons ici découle de la grammaire grecque. En grec, l'impératif présent et le futur indicatif du verbe « être » qui apparaît dans Matthieu 5.48, ont la même forme. En d'autres termes, l'impératif présent « Soyez donc parfaits » s'écrit exactement comme la simple déclaration du futur indicatif « vous serez parfaits ». Il est donc possible que plutôt que de nous donner l’ordre d’être parfait, Matthieu 5.48 soit en réalité une promesse de Dieu à tous ses enfants : « Vous serez parfaits tout comme votre Père céleste est parfait ». Certains ont même suggéré que Jésus a intentionnellement fait un jeu de mots, donnant à la fois un ordre et une promesse !
En conclusion, comme vous pouvez le constater, il existe plusieurs explications quant à la perfection demandée dans Matthieu 5.48, et alors que nous sommes des pèlerins en route vers le ciel, nous devrions considérer que plusieurs d'entre elles peuvent être vraies. Cela signifie que les chrétiens doivent confesser chaque péché pour garder leurs cœurs purs devant Dieu, en croyant que la perfection de Christ leur est créditée par la foi. Mais ils doivent aussi tendre vers la maturité en s’appliquant à faire de leur mieux pour se conformer à la volonté de Dieu. Cette maturité implique également de manifester une bienveillance sans jugement envers les autres, en saisissant toutes les occasions de leur faire du bien. Et finalement, ils peuvent se reposer sur le fait que Dieu ne les abandonnera pas dans leurs échecs pour atteindre la perfection, mais qu’il leur viendra en aide, car quand il ordonne quelque chose, il donne en même temps la capacité d’y obéir. En d’autres mots, chez Dieu, une promesse accompagne toujours un ordre.
Comment être parfait comme Dieu ? En puisant dans les ressources de sa parole, car selon 2 Pierre 1.3 : Sa divine puissance nous a donné tout ce qui contribue à la vie et à la piété, au moyen de la connaissance de celui qui nous a appelés par sa propre gloire et par sa vertu. Vivons conformément à ce qu’il nous dit, et nous serons parfaits devant lui : tendons vers la maturité, soyons bienveillants, marchons par la foi et reposons-nous sur ses promesses. C’est le chemin de la perfection où toute condamnation est absente. Que le Seigneur vous bénisse !
À bientôt…
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