Une analyse biblique de la théorie du signe initial
Vous souvenez-vous que lorsque j’ai abordé le récit de la Pentecôte qui se trouve dans le deuxième chapitre des Actes des Apôtres, j’ai mis en avant quatre préjugés que nous entretenons généralement à propos de cet évènement. Les deux premiers sont en rapport avec le nombre d’individus présents lors de l’effusion de l’Esprit, et le second avec l’endroit où cette effusion a eu lieu. Tout d’abord, il n’y avait que les douze apôtres, et non cent-vingt disciples, lorsque le Saint-Esprit est descendu accompagné de manifestations visibles et audibles. Ensuite, ils étaient quelque part dans le Temple et non dans la chambre haute d’une maison. C’est d’ailleurs leur présence au Temple qui a permis à trois mille personnes de confesser publiquement Jésus-Christ comme Seigneur (Cf. Ac 2.41), ce qui aurait été impossible dans les rues étroites de Jérusalem.
Dans les deux dernières études, nous nous sommes concentrés sur le troisième préjugé, en établissant que le baptême dans le Saint-Esprit est un événement historique non reproductible. Il concerne tous les croyants spirituellement régénérés depuis un peu plus de deux mille ans, et les introduit dans la communion de l’Eglise corps de Christ. Aujourd’hui, je vous propose d’examiner le quatrième préjugé qui est en rapport avec le phénomène audible tel qu’il est décrit dans Ac 2.4 : Et ils furent tous remplis du Saint Esprit, et se mirent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer. Nous voyons que le même phénomène audible se produit à nouveau dans deux autres chapitres des Actes des Apôtres.
Tout d’abord dans Ac 10.44-48 : Comme Pierre prononçait encore ces mots, le Saint Esprit descendit sur tous ceux qui écoutaient la parole. Tous les fidèles circoncis qui étaient venus avec Pierre furent étonnés de ce que le don du Saint Esprit était aussi répandu sur les païens. Car ils les entendaient parler en langues et glorifier Dieu. Alors Pierre dit : Peut-on refuser l'eau du baptême à ceux qui ont reçu le Saint Esprit aussi bien que nous ? Et il ordonna qu'ils fussent baptisés au nom du Seigneur. Sur quoi ils le prièrent de rester quelques jours auprès d'eux.
Ensuite dans Ac 19.1-6 : Pendant qu'Apollos était à Corinthe, Paul, après avoir parcouru les hautes provinces de l'Asie, arriva à Éphèse. Ayant rencontré quelques disciples, il leur dit : Avez-vous reçu le Saint Esprit, quand vous avez cru ? Ils lui répondirent : Nous n'avons pas même entendu dire qu'il y ait un Saint Esprit. Il dit : De quel baptême avez-vous donc été baptisés ? Et ils répondirent : Du baptême de Jean. Alors Paul dit : Jean a baptisé du baptême de repentance, disant au peuple de croire en celui qui venait après lui, c'est-à-dire, en Jésus. Sur ces paroles, ils furent baptisés au nom du Seigneur Jésus. Lorsque Paul leur eut imposé les mains, le Saint Esprit vint sur eux, et ils parlaient en langues et prophétisaient.
Le phénomène du parler en langues est désigné par le terme « Glossolalie », et c’est lui qui va à présent retenir notre attention. Nous essaierons de répondre à la question qui cause tant de division dans le Corps de Christ : le parler en langues est-il le signe initial du baptême dans le Saint-Esprit ? Avant d’examiner cette question, je crois utile de dire quelques mots sur le caractère très particulier de ce qui se passe dans ces deux textes. Rappelez-vous que le livre des Actes dépeint la période de transition entre l’ancienne et la nouvelle alliance. Cela signifie que même si tout avait été accompli par l’œuvre rédemptrice de Christ, il fallait un certain temps pour que les réalités de la nouvelle alliance prennent toute la place de celles de l’ancienne alliance. C’est la raison pour laquelle les Actes des Apôtres n’est pas normatif pour l’Eglise du 21ème siècle. Nous ne pouvons pas nous attendre à vivre exactement les mêmes choses que la première génération de chrétiens, car ce qui leur est arrivé s’inscrivait dans cette période de transition unique dans l’histoire de la rédemption.
Si nous n’acceptons pas le caractère transitoire des évènements décrits dans les Actes des Apôtres, nous interprèterons mal ce que lisons. Par exemple, le baptême du Saint-Esprit ne se produit que dans Actes deux. Il ne se produit pas dans Actes dix et dix-neuf, pour la simple raison que c’est un évènement unique non reproductible, tout comme l’étaient la crucifixion et la résurrection de Jésus. L’expression « baptême de l’Esprit » est absent d’Actes dix et dix-neuf, nous y trouvons à la place « le Saint Esprit descendit sur tous ceux » (Ac 10.44) et « le Saint Esprit vint sur eux » (Ac 19.6). Et pourtant, comme les disciples dans Actes deux, ils ont parlé en langues. Cela prouve que le parler en langues n’est pas le signe initial du baptême dans l’Esprit, mais qu’il résulte uniquement de la venue et de la plénitude du Saint-Esprit.
Je le répète : le baptême dans l’Esprit est un évènement unique qui s’est déroulé le jour de la Pentecôte dans Actes chapitre deux, lorsque le Saint-Esprit a incorporé tous les disciples de Christ de tous les temps dans l’Eglise. C’est lui qui l’a accompli, tout comme Jésus avait racheté les mêmes disciples de tous les temps par sa mort sur la croix. Il ne s’agit pas d’une expérience que nous faisons, mais d’un évènement dont les résultats sont appliqués à chaque disciple, au fur et à mesure que chacun se convertit à Jésus. Il faut bien différencier « accomplissement du salut » et « application du salut ». La rédemption a été accomplie une seule fois par Jésus, mais appliquée dans le temps à chaque disciple. De la même façon, le baptême dans l’Esprit a été accompli une seule fois à la Pentecôte dans Actes deux, mais appliqué dans le temps à chaque disciple.
Ce qui a déclenché le parler en langues, ce n’est pas le baptême dans l’Esprit, mais la venue et la plénitude de l’Esprit dans la vie des croyants d’Actes deux, d’Actes dix et d’Actes dix-neuf. D’ailleurs, souvenez-vous ce que dit Ac 2.4 : Et ils furent tous remplis du Saint Esprit, et se mirent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer. Non pas « ils furent tous baptisés du Saint-Esprit », mais « tous remplis du Saint Esprit ». Et quel fut le résultat de cette plénitude ? Ils se mirent à parler en d'autres langues. C’est la même plénitude et le même parler en langues que nous retrouvons dans Actes dix et Actes dix-neuf, mais il n’y est plus question de baptême dans l’Esprit. Chaque fois qu’un individu né de nouveau, il est simultanément baptisé dans l’Esprit, car Paul dit dans 1 Co12.13 : Nous avons tous, en effet, été baptisés dans un seul Esprit, pour former un seul corps.
Au moment de la conversion le Saint-Esprit remplit le croyant, et il n’a nul besoin du baptême dans l’Esprit, car l’apôtre ajoute dans 1 Co 12.13 : …et nous avons tous été abreuvés d'un seul Esprit. La différence entre nous aujourd’hui et les disciples d’Actes deux, dix et dix-neuf, c’est que lorsque nous sommes remplis de l’Esprit, nous ne parlons pas automatiquement en langues. C’était d’ailleurs le cas pour la majorité des chrétiens dans les Actes des Apôtres. Il n’est dit nulle part que les trois mille âmes convertis dans Ac 2.41 ont parlé en langues, pas plus que les cinq mille hommes d’Ac 4.4 ou la multitude d’Ac 14.1. Il n’est pas dit non plus que l’eunuque Ethiopien d’Actes huit et Lydie, la marchande de pourpre d’Actes seize, ont parlé en langues lorsqu’ils se sont convertis à Jésus et sont devenus le temple du Saint-Esprit.
Dans Ac 13.52, nous lisons que les disciples étaient remplis de joie et du Saint Esprit, mais aucune référence n’est faite du parler en langues. Lorsque Paul nous exhorte en disant dans Ep 5.18-19 : Ne vous enivrez pas de vin: c'est de la débauche. Soyez, au contraire, remplis de l'Esprit, il ne dit pas de parler en langues, mais il ajoute : entretenez-vous par des psaumes, par des hymnes, et par des cantiques spirituels, chantant et célébrant de tout votre cœur les louanges du Seigneur. Ces quelques textes prouvent sans l’ombre d’un doute que tout comme le baptême dans l’Esprit, la venue et la plénitude de l’Esprit ne se signalent pas automatiquement et forcément par le parler en langues. La glossolalie n’est pas le signe initial du baptême dans l’Esprit, tel que cela est enseigné dans les milieux Pentecôtistes et Charismatiques. Il n’y a pas de signe initial dans ce baptême spirituel, il n’y a qu’un effet : nous sommes unis à Christ dans son corps qui est l’Eglise !
Mais alors pourquoi cela est-il arrivé dans Actes dix et dix-neuf ? Tout simplement parce que ces deux chapitres signalent l’entrée dans la nouvelle alliance et dans l’Eglise de Christ de deux groupes ethniques particuliers : les païens, représentés par le centenier romain Corneille et ses proches, et les croyants de l’ancienne alliance, représentés par les disciples de Jean-Baptiste, le dernier prophète de l’Ancien Testament. Rappelez-vous que quatre groupes ethniques distincts devaient être incorporés à l’Eglise au fur et à mesure que l’Evangile progressait : les juifs dans Actes deux, les Samaritains dans Actes huit, les païens dans Actes dix, et les disciples de Jean-Baptiste dans Actes dix-neuf. Et à ce moment, la boucle était bouclée. Plus aucun signe, comme le parler en langues, n’était nécessaire.
C’est la raison pour laquelle dans chacun de ces cas, il fallait la présence d’un apôtre, et que parfois l’imposition des mains était nécessaire pour marquer l’identification de ces groupes distincts à l’Eglise qui n’était composée au début que de juifs. Chaque fois qu’un nouveau groupe s’ajoutait, le parler en langues se manifestait pour signaler que l’incorporation à l’Eglise était réelle et validée par le Saint-Esprit en personne. C’est pourquoi Paul déclare dans 1 Co 12.30 : Tous parlent-ils en langues ? La réponse sous-entendue est bien sûr « Non, pas tous ! » Pourquoi ? Parce que le don des langues servait de signe uniquement pour marquer la progression de l’Eglise de Christ au milieu des groupes ou peuples non juifs. Donc, le parler en langues n’est pas donné à tous les croyants, et vouloir que tous les chrétiens parlent en langues, c’est faire dire à la Bible ce qu’elle ne dit pas.
Si la volonté de Dieu était que tous les chrétiens de tous les temps parlent en langues, nous aurions trouvé des indications précises dans les épîtres du Nouveau Testament, ne serait-ce que dans les épîtres pastorales. Je veux bien évidemment parler des lettres de Paul à Timothée et à Tite. L’apôtre aurait laissé des instructions à ses deux collaborateurs pour leur dire quoi faire et comment faire pour que les nouveau convertis parlent en langues. Mais il ne dit absolument rien ! Pourquoi ? Parce que le parler en langues est un don de l’Esprit, et comme tous les autres dons, il dépend de la souveraineté du Saint-Esprit.
Paul dit en effet dans 1 Co 12.11 : Un seul et même Esprit opère toutes ces choses, les distribuant à chacun en particulier comme il veut. S’il le donne à qui il veut, on ne peut pas affirmer que tous les chrétiens doivent le posséder. Pour que cela soit encore plus clair, l’apôtre affirme dans le verset précédent, le v.10 : à un autre, la diversité des langues. Il ne dit pas « à tous » mais « à un autre, la diversité des langues », et cela selon la décision du Saint-Esprit. Ce ne sont pas nos articles de foi qui décident de l’obtention de la diversité des langues, mais c’est l’Esprit de Dieu qui choisit souverainement à qui et quand le don des langues est accordé. Et tout le Nouveau Testament indique que ce don était rare et non systématiquement accordé à tous les croyants.
On ne peut pas faire d’une exception une règle générale. Actes deux, dix et dix-neuf sont des exceptions, et je vous ai dit pourquoi il en est ainsi : ce sont à chaque fois des étapes de progression depuis les croyants juifs jusqu’au croyants non-juifs. Mais une fois que les différents groupes sont inclus dans l’Eglise, l’exception n’a plus lieu d’être. Pour résumer : nous n’avons pas à rechercher le baptême dans l’Esprit, il a déjà eu lieu. Nous n’avons pas à rechercher le parler en langues, il n’y a plus d’exception. En dehors des Actes des Apôtres et du dernier chapitre de l’évangile selon Marc, il n’est question du parler en langues que dans 1 Corinthiens, dans les chapitres douze à quatorze. Et Paul n’en parle pas pour en faire une règle qui s’applique à tous les chrétiens de tous les temps, mais pour corriger la mauvaise utilisation qu’en faisaient les chrétiens de Corinthe.
Il nous reste maintenant à considérer la nature exacte du parler en langues. Qu’est-ce que c’est exactement ? Est-ce un langage extatique et inintelligible ? S’agit-il de mots dénués de sens que nous pouvons qualifier de « mystères » selon 1 Co 14.2 : En effet, celui qui parle en langue ne parle pas aux hommes, mais à Dieu, car personne ne le comprend, et c'est en esprit qu'il dit des mystères ? La glossolalie contemporaine correspond-elle à celle dont il est question dans la Bible ? Je répondrai à ces question avec précision dans la prochaine étude. Que le Seigneur vous bénisse.
Je vous à bientôt…
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