On dit que contrairement aux fondateurs des grandes traditions religieuses du monde, Jésus n’a rien écrit personnellement, si ce n’est ce qu’il a tracé avec son doigt sur le sol poussiéreux, en présence des chefs juifs hypocrites qui accusaient une femme d'avoir été prise en flagrant délit d'adultère. C’est ce que nous lisons dans les onze premiers versets du chapitre huit de l’évangile selon Jean. Mais ce n’est pas tout à fait vrai, Jésus ne s’est pas limité à écrire sur un sol poussiéreux. En réalité, Jésus a écrit personnellement certaines lettres – ou pour être plus exact : Jésus a dicté personnellement certaines lettres – qu’il a adressées à sept églises locale d’Asie Mineure de la fin du premier siècle.
Mais ce qui est encore plus important, c’est que chacune de ces sept lettres sont également adressées à tous les chrétiens de tous les temps. En d’autres termes, Jésus-Christ nous a écrit, à vous et à moi qui le reconnaissons comme notre Seigneur et sauveur, sept remarquables lettres qui sont consignées dans l’Apocalypse, le dernier livre de la Bible. Permettez-moi d’insister : ces sept lettres nous sont personnellement adressées, si nous nous réclamons de Christ. La question est : avons-nous lu les lettres que Jésus nous a écrites ? Savoir qu’elles ont été écrites pour nous ne suffit pas, il faut encore les lire et comprendre ce qu’elles nous disent.
L’intérêt de Jésus pour les églises
Les églises du monde entier sont des communautés composées de celles et ceux qui sont entrés dans la nouvelle alliance par la foi dans l’œuvre rédemptrice de Jésus. Le Seigneur est concerné par toutes ces églises, et il a des choses à leur dire. Il veut que ces églises sachent ce qu’il pense d’elles, ce qu’il attend d’elles et quelle est leur destinée. C’est pourquoi, dans les chapitres deux et trois de l'Apocalypse, Jésus envoie sept lettres à sept églises distinctes, disséminées en Asie Mineure. C’est à l'apôtre Jean que Jésus a dicté ces lettres, et c’est aussi lui qui fut chargé de les envoyer aux destinataires de chacune d’elle. Mais je le répète, par-delà ces sept églises, c’est à l’ensemble des églises de tous les siècles que Jésus écrit.
En composant les sept lettres à ces sept églises, Jésus démontre qu'il est un écrivain accompli et méticuleux. Lorsqu’elles sont considérées dans leur ensemble, ces sept lettres constituant le corpus de la correspondance personnelle de Jésus, affichent toute la rigueur professionnelle d'un esprit discipliné. Elles démontrent que Jésus est un auteur aussi compétent et aussi à l'aise dans son rôle d’écrivain qu'il l'était dans son rôle d'orateur. Il l’a amplement prouvé au cours de sa carrière d'enseignant, que ce soit au temple de Jérusalem, dans les synagogues, dans l’intimité d’une maison ou en pleine nature, qu’il s’adresse à des foules de cinq mille personnes ou à un seul individu. Il était si captivant, que même ses adversaires ont dit de lui : « Jamais homme n'a parlé comme cet homme » (Jn 7.46).
En résumé, en plus d'être un conteur hors du commun, il semble que le Fils de Dieu soit aussi un auteur de classe mondiale, capable d’exposer sa pensée de façon magistrale et percutante. Avant tout, il faut savoir qu’en tant que pierre angulaire des Écritures hébraïques et du Nouveau Testament, le livre de l'Apocalypse est le point culminant de tout ce qui a été écrit dans les soixante-cinq livres qui l'ont précédé. Notez au passage, s'il vous plaît, que le titre officiel de ce livre est « Révélation » (Apokalupsis en grec, et que les traducteurs des Bibles françaises ont translittéré par Apocalypse), et qu’il est au singulier, non au pluriel. Ce n’est donc pas le livre des révélations, mais de la révélation. Mais de quelle révélation exactement ? Les premiers mots du livre donnent la réponse : Révélation de Jésus Christ (Ap 1.1).
Le plan de l’Apocalypse
Le mot grec Apokalupsis désigne un dévoilement ou une mise à nu. Ce n’est cependant pas l’impression que donne le livre à la première lecture. Il produit plutôt l’effet opposé : il désarme l’intelligence par son aspect hermétique ! Cela est dû au fait que tout le livre est composé de codes et de métaphores. Toutefois, chacun d'entre eux est expliqué ailleurs dans la Bible, car les quatre cent cinq versets de l'Apocalypse comprennent plus de huit cents allusions à l'Ancien Testament. Ce sont autant d’indices qui favorisent la compréhension de ce chef-d'œuvre eschatologique. Qui plus est, dans son introduction, le Seigneur inclut même un résumé de l'organisation du livre. Voici en effet comment Jésus s’adresse à l’apôtre Jean dans Ap 1.19-20 :
19 Écris donc les choses que tu as vues, et celles qui sont, et celles qui doivent arriver après elles,
20 le mystère des sept étoiles que tu as vues dans ma main droite, et des sept chandeliers d'or. Les sept étoiles sont les anges des sept Églises, et les sept chandeliers sont les sept Églises.
Trois divisions apparaissent clairement ici : 1) les choses que tu as vues, 2) celles qui sont et 3) celles qui doivent arriver après elles. Elles constituent les principales sections de l'ensemble du livre. La première section présente la vision préliminaire du Christ glorifié que Jean a vu, et qu’il décrit dans le premier chapitre de l'Apocalypse. La deuxième section, qui comprend les chapitres deux et trois, est constituée des lettres que Jésus adresse personnellement aux sept Églises d’Asie Mineure. La troisième et dernière section, qui comprend les chapitres quatre à vingt-deux, décrit ce qui se passera dans la suite des temps.
L’objectif des sept lettres
Pourquoi Jésus s’adresse-t-il particulièrement aux églises de ces sept villes de la province romaine d'Asie mineure à cette époque ? Il y avait beaucoup d'autres églises dans cette province. Par exemple, l'église de Colosses était située à quelques kilomètres seulement de Laodicée, mais le Saint-Esprit a choisi ces sept églises en particulier. Sept est le nombre de la complétude, et le Christ a choisi ces sept églises parce qu'elles représentaient les différentes conditions qu'il souhaitait aborder. Nous pourrions dire que ces lettres s'appliquent à quatre niveaux :
Premièrement, les lettres ont été envoyée pour instruire des Églises historiques particulières auxquelles elles s'adressaient.
Deuxièmement, les lettres ont été données pour instruire toutes les Églises de tous les temps. Les instructions données aux sept églises d'Asie mineure au premier siècle s'appliquent à toutes les églises de tous les siècles (Cf. Ap 2.7, 11, 17, 29 ; 3.6, 13, 22), car chaque église qui a existé au fil du temps, est semblable à l'une de ces sept églises.
Troisièmement, les lettres ont été données pour instruire les croyants individuellement, car Jésus dit : « Que celui… » (Ap 2.7, 11, 17, 29 ; 3.6, 13, 22). Chaque croyant peut donc trouver dans ces lettre une incroyable richesse d'édification, de défi spirituel et d'avertissement.
Quatrièmement, les lettres offrent une vue d'ensemble de l'histoire de l'Église. Bien que ce ne soit pas l’objectif principal des chapitres deux et trois de l’Apocalypse, je crois qu'il est possible d’y voir un aperçu général de l'histoire de l'église, et je ne pense pas qu'il s'agisse d'un hasard. Ce que dit Ap 3.10 va manifestement au-delà de tout ce qui a été vécu par l'église historique de Philadelphie au premier siècle : Parce que tu as gardé la parole de la persévérance en moi, je te garderai aussi à l'heure de la tentation qui va venir sur le monde entier, pour éprouver les habitants de la terre. L'ordre divinement inspiré des lettres aux sept églises, nous montre aussi le même schéma d'apostasie croissante qui est révélé de manière différente dans le Nouveau Testament.
Par exemple, 2 Ti 3.13 décrit le déroulement de l'âge de l'Eglise en ces termes ; Mais les homme méchants et imposteurs avanceront toujours plus dans le mal, égarant les autres et égarés eux-mêmes. Je crois que l’église d’aujourd’hui ressemble à la fois à l’église de Philadelphie et à celle de Laodicée, car ces deux époques se chevauchent. Bien que nous soyons entourés par l'apostasie la plus incroyable, il y a encore certaines églises (probablement une minorité !) qui croient que Dieu parle par la Bible, qui restent fidèles aux valeurs du Royaume de Dieu, et qui attendent patiemment d'être sauvées du monde avant la grande tribulation.
L’architecture des sept lettres
Même si dans leur brièveté et leur densité elles sont réduites à l’essentiel, c'est dans la conception de ces sept lettres que nous découvrons les détails subtils laissant apparaître les profils particuliers de l'Église à travers l'histoire. Chaque lettre a une structure similaire, et constitue ce que nous pourrions nommer « le bulletin de notes » des performances spécifiques de l'église locale à laquelle est elles destinée. Chacune d’elle est également caractérisée par un thème significatif.
Chaque élément, y compris le nom de l'église et le titre que Jésus choisit pour lui-même (Cf. 2.1 ; 2.8 ; 2.12 ; 2.18 ; 3.1 ; 3.7 ; 3.14), et qui est énoncé pour la première fois dans la description que Jean fait de lui dans sa vision du chapitre un, est cohérent avec un thème central. En résumé, ces lettres sont si brillamment organisées, si habilement composées, si clairement éloquentes dans leur message fondamental et si étonnamment pratiques dans leurs sages conseils, que chaque chrétien peut tirer profit des principes qu’elles contiennent, quel que soit l’époque dans lequel il vit.
Une étude attentive nous permet de constater que ces sept lettres se répartissent en deux groupes distincts, tant du point de vue architectural qu'eschatologique, c’est-à-dire en rapport avec la fin des temps. Les trois premières lettres comportent une promesse au vainqueur, mais celle-ci ne fait pas partie du corps de la lettre, elle ressemble davantage à un addendum, juste après l’exhortation à entendre ce que dit l’Esprit (Cf. 2.7 ; 2.11 ; 2.17). Ces premières lettres ne font pas non plus de référence explicite à la seconde venue de Jésus. Les quatre dernières lettres, par contre, incluent la promesse au vainqueur dans le corps de la lettre, avec une référence eschatologique explicite(Cf. 2.26 ; 3.5 ; 3.12 ; 3.21) et avant l’exhortation à entendre ce que dit l’Esprit (Cf. 2.29 ; 3.6 ; 3.13 ; 3.22).
Si les sept lettres semblent s'inscrire dans un modèle d'ordre chronologique en ce qui concerne le déroulement de l'histoire de l'Église, les quatre dernières semblent, dans un certain sens, durer jusqu'à la fin en raison de leur référence eschatologique. Bien que les lettres aient chacune un contenu différent et qu'elles aient été écrites à sept congrégations distinctes et individuelles, on peut néanmoins discerner un schéma général commun de contenu et de thèmes :
Premièrement, Jésus commence par une interpellation dans laquelle il identifie la communauté qui a besoin d'être confrontée.
Deuxièmement, Jésus s'identifie comme l’auteur de la lettre en soulignant un aspect de sa personne en lien avec le besoin de l’église.
Troisièmement, Jésus rappelle qu’il est au courant de ce que vivent les églises et évalue l’état de chacune d’elles.
Quatrièmement, Jésus leur adresse des éloges et des reproches, et présente les domaines où des changements sont nécessaires.
Cinquièmement, Jésus promet des bénédictions ou des jugements en fonction de la réaction de chaque église à ses avertissements.
Sixièmement, Jésus donne des conseils pratiques de correction pour chaque église qui veut marcher dans l’obéissance.
Septièmement, Jésus exhorte chaque église à rester à l’écoute de ce que le Saint-Esprit lui dit.
En résumer : Christ s’adresse à ces églises en tant que roi légitime. Il est conscient de leur situation actuelle et il détient l’autorité lui octroyant le droit de les évaluer. Il offre ses bénédictions et les met en garde contre les malédictions afin de les inciter à demeurer fidèles. De plus, il leur rappelle que le salut éternel est réservé uniquement à ceux qui remporteraient la victoire sur les épreuves et les tentations. Je vous invite à lire les sept lettres que Jésus nous a écrites, à nous ses disciples, et à prier pour que le Saint-Esprit nous aide à saisir les messages qu’elles contiennent. J’en dirai un peu plus sur le sujet dans un prochain article.
A bientôt…
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